Demain dès l’aube commentaire composé

novembre 16, 2018 Non Par admin

Hugo, Contemplations
Demain dès l’aube

I. Un voyage
1- La progression dans le temps
2- La progression dans l’espace
3- L’itinéraire suivi avec détermination
II. Un itinéraire sentimental
1- Une relation affective profonde
2- L’indifférence au contexte du voyage
3- Les préoccupations douloureuses
III. Le pouvoir d’immortalité de la poésie
1- Le jeu poétique
2- Le dernier alexandrinGrâce à son abondance créatrice et à la richesse de son oeuvre, Victor Hugo passe pour le plus grand écrivain de la littérature française. L’année 1843 marque un tournant dans la vie de Hugo. En effet, le 4 septembre, sa fille aînée se noie avec son mari. La douleur du père est atroce: elle reste d’abord muette; lorsqu’il l’exprime, c’est en composant des poèmes; aussi, dans LesContemplations, publiées en 1856, la mort de Léopoldine lui inspire-t-elle tantôt des réminiscences heureuses, tantôt de douloureux cris de désespoir. Le poème que nous avons à étudier a été composé à la veille du quatrième anniversaire de l’accident, en 1847. D’une simplicité harmonieuse et d’un lyrisme touchant, ces trois strophes décrivent par avance le cheminement qui le conduira auprès de sonenfant bien-aimée. Mais ce voyage vers le souvenir et vers la mort prend la forme d’un poème d’amour et d’une célébration. Léopoldine disparue revivra éternellement grâce à l’offrande de quelques fleurs.
Lecture.
Nous nous demanderons donc dans quelle mesure ce poème exprime le pouvoir de la poésie qui est d’immortaliser ce que la mort a fait disparaître. Dans un premiertemps, nous verrons que ce poème retrace un voyage; dans un deuxième temps, nous étudierons l’itinéraire sentimental qui en surgit; enfin, nous verrons que ces trois strophes ne font que célébrer le pouvoir d’immortalité de la poésie.

I. Un voyage
La structure du poème souligne une double progression dans le temps et dans l’espace, et un itinéraire mené avec détermination.
1- Laprogression dans le temps:
Le poème débute par l’indication insistante du moment du départ, à l’aube. En effet, nous relevons trois notations de temps formant un groupe ternaire: « Demain, dès l’aube, à l’heure où ». Il se termine au crépuscule, comme le souligne la métaphore du coucher du soleil « l’or du soir qui tombe » (v.9). Le voyage occupe ainsi une journée entière sansinterruption, à travers un paysage aux aspects variés.
2- La progression dans l’espace:
Elle est exprimée par une série de compléments de lieu soulignant le passage et la succession des paysages différents – « par la forêt », « par la montagne », « Harfleur », « sur ta tombe ». En outre, nombre de verbes exprime le déplacement de celui qui parle: « Je partirai », anaphore de « j’irai »,« Je marcherai », « descendant », « j’arriverai ». Nous avons donc affaire à un véritable pèlerinage. En outre, nous pouvons noter le caractère vague, sauvage et difficile de l’itinéraire suivi, notamment dans la première strophe, et qui devient maritime, fluvial, dans la troisième, comme l’indiquent « les voiles » et « Harfleur » (en Seine Maritime). Ces variations sur le plan spatial soulignentindirectement la progression temporelle. Enfin, le mot « tombe », situé à la rime, donc accentué, marque le point d’aboutissement, jusque là inattendu.
3- L’itinéraire suivi avec détermination:
L’itinéraire est exprimé par l’emploi de verbes de mouvement, comme nous l’avons déjà démontré. Leur ordre marque le départ et l’arrivée – de « Je partirai » à « j’arriverai » -, et unecertaine façon de se déplacer, dont la détermination est soulignée par l’emploi répété du futur, qui révèle la certitude de celui qui parle. La situation de ces verbes dans le poème fait de chacun d’eux une étape importante et décisive de l’itinéraire: « Je partirai » au début de l’alexandrin, comme « Je marcherai »; « J’irai » ponctue le début de chacun des deux hémistiches du vers 3. Ils…