De quels moyens les artistes et en particulier les écrivains disposent-ils pour dénoncer ce qui les scandalise ?
De tout temps, les hommes ont été choqués par certains aspects de leur société. De l’antiquité à nos jours, ils ont trouvé, à travers des expressions artistiques diverses, les moyens de mettre ces injustices, ces scandales à la lumière. Les écrivains, notamment, nous ont montré à quel point leur révolte était forte, aux travers d’écrits qui restent actuels. Le mouvement culturel des lumières enest directement issu, avec pour chef de file français, Voltaire. Mais alors, comment peuvent-ils dénoncer ce qui les scandalise ? Nous aborderons d’abord l’effet des sentiments sur le lecteur (ou le spectateur), puis nous examinerons les différents types de textes et de discours permettant cette mise en cause et enfin nous verrons les effets qu’utilisent ces artistes.
D’abord, les artistespeuvent dénoncer ce qui les scandalise grâce aux émotions qu’ils provoquent auprès du lecteur ou du spectateur. En créant un personnage attachant ou même pathétique, l’auteur peut faire passer son message par le biais de l’empathie. En effet, un lecteur touché par le héros d’une histoire est plus apte à entendre et même à comprendre la critique : ainsi dans Les misérables de Victor Hugo lespersonnages sont ils attachants et permettent ils au lecteur de comprendre et de partager la vision de Victor Hugo sur la société qu’est la leur. Le lecteur s’identifie dans ces personnages, il partage leurs pensées et leurs souffrances, il s’intègre à l’histoire, en suit le court donné par l’auteur, souffre des injustices dont souffrent les personnages, et ne peut qu’adhérer par les situations décrites, cequi lui fait pleinement approuver la vision de l’auteur. Un auteur peut donc utiliser un personnage pathétique ou attachant pour dénoncer.
Ce procédé est utilisé, qu’il s’agisse de personnage attachant ou tout au contraire d’un personnage détestable. En effet, un auteur mettant en scène un personnage odieux, insupportable et même choquant peut espérer provoquer une telle répulsion pour cepersonnage que le lecteur adhérera immédiatement à ses idées. Si un auteur crée un roi qui se mette à assassiner tous ses rivaux et à exécuter tous ceux qui osent prendre la parole contre lui, un roi cruel et despotique, nul doute que le lecteur se mette à craindre un tel personnage et qu’il remette en question cet abus de pouvoir. Dans une moindre mesure, Hervé Bazin avec la vipère au poing nous faitcraindre sa mère et il nous montre une famille où les uns ne se préoccupent pas des autres dont « Folcoche » profite, dénonçant ainsi ces familles où certains parents martyrisent leurs enfants. Un personnage détestable permet donc lui aussi la dénonciation.
Le comique et même l’absurde sont eux aussi de bons moyens de dénonciation pour exprimer ce qui scandalise. En effet, de nombreux artistes,et particulièrement des écrivains, se sont servis du comique et de l’absurde pour souligner des actes, situations ou personnages qu’ils souhaitaient mettre en cause ; Voltaire pensait qu’un lecteur amusé était plus intéressé par ce qu’il lisait qu’un lecteur ennuyé. Dans le bourgeois gentilhomme, Molière choisit de dénoncer cette bourgeoisie qui veut imiter la noblesse, avec une approchehumoristique.
Les caricatures illustrées sont aussi un excellent exemple, toutes les revues actuelles en possèdent. Une société faisant passer quelque chose de scandaleux en quelque chose de normal ne peut être battue qu’avec l’absurde : c’est ainsi que Voltaire se bat avec « De l’horrible danger de la lecture » , où il prône l’ignorance et les dangers de l’imprimerie et où il condamne toutes personnesprononçant « quatre phrases liées ensembles desquelles on pourrait inférer un sens ». On peut donc considérer le comique et l’absurde comme des moyens intelligents, provocant la réflexion des lecteurs, sans pourtant être des réquisitoires directs, pour mettre en lumière ce qui révolte l’auteur.
Les artistes peuvent donc dénoncer ce qui les scandalise grâce à des personnages ou des situations, un…