Concurrence et gain de productivité

janvier 8, 2019 Non Par admin

n° 51
Février 2009

Concurrence et gains de productivité : analyse sectorielle dans les pays de l’OCDE
La concurrence sur les marchés des biens et services est souvent évoquée comme un facteur de croissance économique. Accroître la concurrence dans un secteur permettrait en effet d’augmenter l’activité et l’emploi en abaissant le prix de vente des produits mais aussi en améliorant laproductivité du secteur, via l’innovation notamment. D’un point de vue théorique, l’effet de la concurrence sur la productivité est toutefois ambigu. La crainte de perdre des parts de marché et de disparaître doit certes inciter les entreprises à innover mais il est également possible que les firmes ne soient disposées à supporter les coûts de l’innovation qu’à la condition de bénéficier en retour derentes suffisamment élevées. Les résultats économétriques obtenus à partir d’un échantillon de 11 pays de l’OCDE et d’une vingtaine de secteurs indiquent la présence d’une relation non linéaire entre concurrence et gains de productivité : la concurrence serait favorable aux gains de productivité jusqu’à un certain niveau mais défavorable audelà. Cependant, le degré de concurrence n’a aucun effetsignificatif sur les gains de productivité lorsque l’échantillon d’analyse comprend uniquement les secteurs les plus concurrentiels. Ainsi un accroissement de la concurrence augmenterait la productivité dans les secteurs peu concurrentiels mais serait sans effet sur les secteurs les plus concurrentiels.

Ce document a été élaboré sous la responsabilité de la direction générale du Trésor et de laPolitique économique et ne reflète pas nécessairement la position du ministère de l’Économie, de l’Industrie et de l’Emploi.

Gains de productivité non expliqués par les variables autres que le markup (en %)

Par ailleurs, l’effet de la concurrence sur les gains de productivité diffère selon le type de secteur. Dans les secteurs manufacturiers, caractérisés en moyenne par une concurrence et descoûts irrécouvrables relativement élevés, une intensification de la concurrence conduirait à un ralentissement des gains de productivité. En revanche, dans les services, où les coûts irrécouvrables sont moins Relations entre le mark up et les gains de productivité horaire du travail dans les services présents et la concurrence relative1,00 ment faible en moyenne, un accroisse0,00 ment de laconcurrence favoriserait toujours les gains de productivité (voir -1,00 le graphique ci-contre).
-2,00

Note : ce graphique représente la relation entre le markup (ratio entre le prix de vente et le coût marginal, estimé sur 1981-1992) et le taux de croissance de la productivité horaire du travail ainsi que les nuages de points des couples markup / taux de croissance de la productivité non expliqué parles variables explicatives autres que le markup (sur la base des relations estimées dans la colonne (3) du tableau 3) dans les services.

Source : base EU KLEMS, calculs DGTPE.

-3,00

-4,00

-5,00

-6,00

1,00 concurrence forte

1,10

1,20

1,30

1,40

1,50

1,60

1,70

1,80

1,90

Markup

concurrence faible

1. La concurrence est a priori bénéfique à laproductivité, cependant elle peut aussi réduire l’incitation à innover
Il est généralement admis que la concurrence permet d’augmenter la productivité grâce à des « gains statiques » agissant sur le niveau de la productivité et à des « gains dynamiques » augmentant son taux de croissance1. Les gains statiques de la concurrence découlent d’une part d’une meilleure réallocation des ressources rares(efficacité allocative) et d’autre part d’une amélioration de l’utilisation des facteurs de production des entreprises (efficacité productive). Les gains dynamiques, qui apparaissent à plus long terme et ont des effets persistants, résultent d’une plus grande incitation des firmes à innover et à converger vers la frontière technologique, voire la déplacer. L’existence de gains statiques ne fait…