Comparaison de texte: abel et caïn
Comparaison de texte
Charles Baudelaire, Les Fleurs du mal, « Abel et Caïn » et Norge, Poésies, «voix d’Abel ».
Charles Baudelaire et Norge (pseudonyme de Georges Mogin), écrivent deux textes ayant la même source, le mythe biblique des deux frères ennemis : Abel et Caïn. Les deux textes sont adaptés à la vision de l’auteur.
Baudelaire écrit son poème en octosyllabe, en deux parties. Norgeécrit son poème en énnéasyllabe avec cinq quatrains et un dernier ver.
Nous allons en premier temps analyser le personnage du mythe qui est mis en tort chez Baudelaire, puis chez Norge. Ensuite, les deux morales vont être analysées. Pour terminer nous allons analyser les procédés qui rendent les deux textes vivants.
Premièrement, une similitude importante est marquée dans le poème de Baudelaireet de Norge, Abel est décrit comme un personnage « aisé ». Dans la première partie du poème de Baudelaire, il incarnerait même la société bourgeoise (ver 1 : « dors, bois et mange », vers 17-18 : « aime et pullule ! »/ Ton or fait aussi des petits. » ). Caïn lui, représenterait les travailleurs, les prolétaires (vers 3-4 : « Race de Caïn, dans la fange/ Rampe et meurs misérablement.» et vers 7-8 :« ton supplice aura-t-il jamais une fin ? »).
Chez Norge aussi, on remarque qu’Abel se vente beaucoup et qu’il a l’air riche (ver7-8 : « Quand je mâche, moi, c’est du saignant. / Je veux l’odeur et le goût du sang. ». Ça nous laisse donc penser que pour manger de la viande, il doit être relativement aisé. De plus, il n’hésite pas à se mettre souvent en valeur (vers 5 : « Je suis comme Dieu, jen’aime pas », ver 9 : « mes dents ne sont pas pour les asperges ! », ver 17 : « Moi, je veux la vie et ses carnages »). On remarque donc que dans le poème de Norge, Abel a également une attitude de bourgeois et est très exigeant. Les deux poèmes ici fidèles au mythe biblique, se terminent aussi par la mort d’Abel. Dans la deuxième partie du poème de Baudelaire, on remarque clairement une critiqued’Abel, représentant des riches bourgeois (« vers 1-2 : « Ah ! Race d’Abel, ta charogne/ Engraissera le sol fumant ! », vers 2-3 : « Race d’Abel, voici ta honte : / Le fer est vaincu par l’épieu ! »). Baudelaire exprime ici clairement dans ce dernier ver la défaite du « fer » (ici représentant la charrue, donc Abel) par « l’épieu » (représentant Caïn).
Norge n’exprime lui pas textuellement sondésarroi face à Abel, mais la morale est claire, Abel meurt car il a trop donné envi à son frère, qui se régale de son sang. La faute est donc celle d’Abel.
Les deux poèmes mettent donc la faute sur Abel, contrairement au mythe de la Bible, ou Caïn est le premier meurtrier et tue son frère.
Pour continuer, on remarque une similitude dans l’opposition entre Caïn et Abel dans les deux poèmes. Chez Norgeet Baudelaire, Abel est bien nourrit (Baudelaire : ver 1 : « Race d’Abel, dors, bois et mange, » et vers 13 : « Race d’Abel, chauffe ton ventre ». Norge : ver 7-8 : « Quand je mâche, moi, c’est du saignant. / Je veux l’odeur et le goût du sang. » et ver 17 : « Moi, je veux la vie et ses carnages »). Contrairement à Abel, Caïn à l’air frileux, faible et affamé, il se nourrit mal (Baudelaire : vers11-12: «Race de Caïn, tes entrailles / Hurlent la faim comme un vieux chien. » et ver 15-16 : «Race de Caïn, dans ton antre / Tremble de froid, pauvre chacal ! ». Norge : ver 2-4 : « «Pour chauffer son échine frileuse / Et cuire un gros fricot de légumes ! » et ver 14-16 : « Mon frère Caïn, ce triste enfant, / Retourne au jus blanc des betteraves. / On le voit pâlir comme la neige. »).
Donc, dansles deux poèmes, Caïn est considéré comme un « pauvre », qui travaille, qui a faim et qui est frileux. À la fin, c’est quand même Caïn qui gagne, qui vit, même s’il tue son frère qui apparemment n’est pas si bon. La différence dans les morales réside dans le sens du poème. Chez Baudelaire, c’est une véritable critique de la lutte sociale entre les travailleurs et les bourgeois. Chez…