Commentaire sur primo levvi
Primo Levi était un Juif qui fut arrêté comme résistant en 1944. déporté à Auschwitz, il y resta jusqu’en 1945. si c’est un homme, retrace sa vie de déporté dans sa plus atroce réalité. Un passage du chapitre dix »l’examen de chimie » a tout particulièrement retenu mon attention tant ce qui s’y déroule est cruel. De la page 162 à 165, Levi va être confronté à son état de moins que rien et à sonpassé sous le regard hautain de son examinateur. Ce face à face restera à tout jamais gravé dans sa mémoire et le marquera profondément. Pourquoi peut-on donc parler ici d’expérience extrême ?
Dans tous les camps de concentration, les prisonniers étaient considérés comme du bétail. Leur apparence reflétait également leur état de bêtes. « Vivants » entre eux, ils finissaient par ne plus y prêterattention. Ils pouvaient s’empêcher de penser et personne ne les obligeait à regarder la réalité en face. Ils se fondaient dans la masse jusqu’à ne plus posséder d’identité. Ils n’étaient plus qu’une ombre, un semblant d’humanité qui survivait au bord du gouffre de la folie et du désespoir. Levi n’a pas échappé à cette règle. Mais il lui a fallu affronter son état misérable. Lors de l’examen,cette réalité lui apparaît sous une lumière crue, vive, qui fait mal. Tout est fait pour qu’il se sente inférieur et « malpropre ». La pièce dans laquelle il se trouve est immaculée. Il se retrouve debout, lui le petit Häftling numéro 174517, face à un Aryen, le Doctor Pannwitz, un homme de grande taille assis derrière un »bureau compliqué ». Durant tout cet extrait, l’auteur va souligner cesdifférences en mettant en constante opposition les deux protagonistes. Lui n’a plus de nom, son interlocuteur en possède un et même un titre. D’ailleurs, on le lui fait bien sentir : lui n’est pas un homme, il fait partie d’une race inférieure, tandis que celui qui se trouve en face de lui n’est autre qu’un « sur homme » à l’ascendance pure. Ils appartiennent tous deux à des mondes différents. Ilss’aperçoivent à travers la « vitre d’un aquarium ». À l’arrivée du train, Levi avait déjà senti un « silence d’aquarium » : ce qu’il n’a pas compris tout de suite, c’est qu’il venait de pénétrer dans le bocal.
À travers cette vitre ils se jaugent. La présence du champ lexical du regard ( « les yeux bleus » « il leva les yeux » « son regard »…) nous démontre son importance. Chacun exprime par son regard ce qu’ilpense de l’autre. C’est par ce regard que Levi se sent le plus rabaissé. À tel point qu’il a du mal à croire qu’il était et qu’il est physicien. Cette pensée lui paraît même absurde. En effet, le regard du Doctor « ne fut pas celui d’un homme à un autre homme ». Il y mit toute la méprise et le dédain possible. Mais le pire, c’est qu’il le fit sans s’en rendre compte. Car celui-ci venait du plusprofond de la doctrine fasciste. Si Levi avait saisi l’essence même de ce regard » il aurait expliqué du même coup la grande folie du troisième Reich. »
La seule chose qu’il pourra y déchiffrer clairement lorsque leurs regards se croisèrent fut la pensée du Doctor. Une pensée de supériorité. Le Doctor est persuadé qu’il se trouve en face d’une espèce qu’il convient de supprimer. Seulement elle peutpeut-être servir les intérêts du Reich alors il va vérifier si « elle ne renferme pas un élément utilisable ». Cela ne l’effleure même pas qu’il se trouve en face d’un être humain, ou plutôt de ce qu’il en reste, qu’il est responsable de cette « transformation ». Il méprise ce qui se trouve en face de lui. Levi de son côté, considère également son interlocuteur comme quelque chose de « malfaisant ». Ilest convaincu qu’ils ne font pas partie de la même espèce puisque « aucune communication n’est possible ». Cela est aussi sûrement du au fait que l’être vivant qui l’observe à l’esprit étroit et fermé. ! Mais il a beau le penser, en son fort intérieur, il se sent tout de même petit et incongru dans cet environnement.
« Je suis un spécialiste . . . , je suis un spécialiste . . . , je suis un…