Commentaire montesquiei lettre xxx
Montesquieu, Les lettres persanes, Lettre 30. Comment peut-on être Persan ?
Sommaire
Lettre 30 ………………………………………………………………………………………………………….. 1 Introduction. …………………………………………………………………………………………………….. 3 La structure de lalettre……………………………………………………………………………………….. 3 Une anecdote au verbe alerte. ………………………………………………………………………….. 3 Des situations variées, mais condensées. …………………………………………………………….. 4 Un récit humoristique……………………………………………………………………………………… 4 Une enquête sociologique. ……………………………………………………………………………….. 4 L’apparence et la réalité. …………………………………………………………………………………….. 5 Un sens dominant : la vue………………………………………………………………………………… 5 Un glissement vers l’apparence. ………………………………………………………………………… 6 De la curiosité au néant de l’être. ………………………………………………………………………. 6 La visée du texte. ……………………………………………………………………………………………….. 7 Critique desmœurs parisiennes. ……………………………………………………………………….. 7 Des idées reçues. ……………………………………………………………………………………………. 7 Un comportement peu fondée sur la raison. ………………………………………………………… 8Conclusion………………………………………………………………………………………………………… 9
Lettre 30 Rica au même, à Smyrne. Les habitants de Paris sont d’une curiosité qui va jusqu’à l’extravagance. Lorsque j’arrivai, je fus regardé comme si j’avais été
envoyé du ciel: vieillards, hommes, femmes, enfants, tous voulaient me voir. Si je sortais, tout le monde se mettait aux fenêtres; si j’étais auxTuileries, je voyais aussitôt un cercle se former autour de moi; les femmes mêmes faisaient un arc-en-ciel nuancé de mille couleurs, qui m’entourait; si j’étais aux spectacles, je trouvais d’abord cent lorgnettes dressées contre ma figure: enfin jamais homme n’a tant été vu que moi. Je souriais quelquefois d’entendre des gens qui n’étaient presque jamais sortis de leur chambre, qui disaient entre eux: »Il faut avouer qu’il a l’air bien persan. » Chose admirable! Je trouvais de mes portraits partout; je me voyais multiplié dans toutes les boutiques, sur toutes les cheminées, tant on craignait de ne m’avoir pas assez vu. Tant d’honneurs ne laissent pas d’être à charge: je ne me croyais pas un homme si curieux et si rare; et, quoique j’aie très bonne opinion de moi, je ne me serais jamais imaginéque je dusse troubler le repos d’une grande ville où je n’étais point connu. Cela me fit résoudre à quitter l’habit persan et à en endosser un à l’européenne, pour voir s’il resterait encore dans ma physionomie quelque chose d’admirable. Cet essai me fit connaître ce que je valais réellement: libre de tous les ornements étrangers, je me vis apprécié au plus juste. J’eus sujet de me plaindre de montailleur, qui m’avait fait perdre en un instant l’attention et l’estime publique: car j’entrai tout à coup dans un néant affreux. Je demeurais quelquefois une heure dans une compagnie sans qu’on m’eût regardé, et qu’on m’eût mis en occasion d’ouvrir la bouche. Mais, si quelqu’un, par hasard, apprenait à la compagnie que j’étais Persan, j’entendais aussitôt autour de moi un bourdonnement: « Ah! ah!…