Cinar
C’est en octobre 1999 que la descente aux enfers du couple Charest-Weinberg et de sa compagnie débute, au moment où a éclaté le scandale des prête-noms utilisés pour obtenir des crédits d’impôt. Les déboires au sein de l’entreprise Cinar place le couple Charest-Weinberg au deuxième rang des plus grands filous financiers de l’histoire canadienne avec une fraude de 1 milliard de dollars. Cescandale se situe derrière celui de la compagnie Bre-X avec 3 milliards. Si l’on compare le scandale de Cinar à celui de la facture atteinte du scandale des comman-dites de 332 millions, ce dernier est d’une insignifiance ridicule. Cette distorsion des perceptions s’explique par le préjugé favorable dont jouissent les femmes et les hommes d’affaires par rapport aux femmes et aux hommes politiques.L’affaire Cinar est une histoire où l’appât du gain devient l’éthique, c’est ce qui définit les valeurs et les règles morales associé à la société et à sa culture. Cinar, c’est une situation où profiter de la manne de subventions et des crédits d’impôts, quitte à enfreindre les règles, devient un « leitmotiv » et l’imputabilité est tourné au dérisoire. Enfin, un scandale où le mur du silence, soulèveplusieurs question-nements sur la déontologie c’est -à-dire sur les devoirs dans l’exercice de leur métier au niveau des gens des institutions publiques, tant fédérales que provinciales, tant règlementaires que policières.
C’est en 1979 que Cinar a été fondé par les deux actionnaires soit Micheline Charest et Ronald Weinberg alors que ceux-ci habitent New-York. À cette époque Cinar sespécialisait dans la distribution de film. En 1984, le couple profite de la bulle immobilière new-yorkaise pour vendre leur résidence et déménager à Montréal. Mme Charest et M. Weinberg utilisent l’argent de la vente de leur maison pour investir dans la production de film et plus tard dans la vente d’émissions télévisées. Madame Charest racontait dans la revue « Canadian Business » que New York étaitexigeant financièrement pour développer leur entreprise et qu’ils n’avaient pas d’argent pour continuer là-bas. L’établissement de Cinar à Montréal a eu lieu en 1984 et la croissance de cette toute petite entreprise a été spectaculaire : les revenus de cette société de films d’animation de Montréal atteignent quatre millions de dollars en 1988 et 27 millions de dollars quatre ans plus tard soit en1992. Cinar est inscrite en Bourse à Toronto et à Montréal en 1993. Au nombre de ses séries télévisées à succès, on compte notamment The Busy World of Richard Scarry, Madeline, Chris Cross. Et en 1995, Cinar s’inscrit à la Bourse NASDAQ, à New York. En 1999, Cinar comptait 200 employés à Montréal et donnait du travail à 600 pigistes à travers le monde. Cinar est considéré success strory du Québecinc. Les séries Caillou et Arthur compte parmi les plus grand succès internationaux de cette maison. Cinar a réussi à faire sa marque dans le monde en produisant des dessins animés non violents et non sexistes destinés aux enfants. La valeur en Bourse de Cinar atteint son sommet à 1,6 milliard en 1999. Entre 1999 et 2001, les revenus de Cinar ont fait une chute de 19% passant de 164,5 millions à 132,6 millions. Le 15 octobre 1999, à la suite des pressions du Bloc Québécois, il est rendu public que jusqu’en 1999, la société faisait signer des contrats de prête-noms à de faux auteurs canadiens. Les textes étaient en réalité écrits par des américains. Le stratagème permettait à Cinar d’obtenir de juteuses subventions de Téléfilm Canada et des crédits d’impôt. En 2000, après une enquêteinterne, il y a découvertes de plusieurs malversations, notamment l’utilisation d’argent de Cinar pour des travaux chez les Weinberg-Charest, et un mystérieux « investissement » de 122 millions de dollar américain au Bahamas. Le numéro 3 de Cinar et chef de la direction financière, Hasanain Panju, est congédié le 6 mars. Toujours au cours de la même année, le conseil des valeurs mobilières du Québec…