Christophe colomb
Originaire de Gênes et appartenant à une longue lignée de marins, Christophe Colomb (mais son origine reste cependant mystérieuse), selon la description faite par l’un de ses fils, était « d’une taille au-dessus de la moyenne, il avait le visage allongé, assez plein, assez coloré, et n’était, en réalité, ni gras ni maigre… Affable avec tous, il se montrait avec les siens d’une douceur rare, engardant toujours la plus digne gravité. » C’est un lecteur attentif du récit de Marco polo, « Le livre des merveilles du monde » ou « Il Milione » (on retrouvera un exemplaire commenté de sa main). Il connaît aussi les écrits de Ptolémée, d’Aristote ou d’Isidore de Séville, et il est convaincu, comme d’autres à cette époque, que la terre est ronde et qu’il est possible d’atteindre la mythique «Cipango » (La Chine) en prenant le chemin du Ponant. Il y a peu, les îles des Açores ont été découvertes et les marins qu’ils rencontrent ne font que renforcer ses vues. Le mythe de l’Atlantide de Platon est aussi présent dans son esprit. Son projet le taraude, il cherche un mécène pour financer une expédition. Il se fixe à Lisbonne au Portugal en 1477 où son frère cartographe tient une officineréputée. Les navires portugais cinglent vers toutes les mers du monde connu pour livrer commerce. Ils vont jusqu’en Indes chercher l’épice mais la route est longue et périlleuse. Trouver une route plus rapide ne peut que les intéresser… Il rencontre le roi Jean II en 1484 mais celui-ci ne pense qu’à l’Afrique…
Finalement, c’est auprès du roi d’Espagne Ferdinand d’Aragon et surtout de la reineIsabelle de Castille qu’il obtient le financement pour son expédition (grâce à l’appui de Louis de Saint Angeun et d’un certain Juan Perez qui l’introduit à la cour et qui se trouve être le confesseur de la reine Isabelle la Catholique). Il aura fallu sept ans pour les convaincre… Mais sa conviction à lui, il a eu le temps de se la forger. Il a écouté pendant des années les récits des marinsperdus ou naufragés. Il a relus les cosmographes comme Strabon, Ptolémée et Aristote. Il sait que la Terre est ronde. Si c’est bien le cas, il est possible de la contourner… Il sait aussi que les Indes sont immenses (personne n’est encore allé jusqu’à son extrémité) et qu’elle doivent« s’étendre sur plus de quinze heures… » (c’est à dire 15/24ème de la circonférence de la Terre à l’équateur), …,il ne devait rester que neuf parties à franchir pour aller d’un point extrême à l’autre ». Ses déductions deviennent des certitudes, mais pour convaincre le Roi d’Espagne et sa reine, il a davantage joué sur la dimension religieuse de son projet plus que pour les perspectives de débouchés commerciaux : il y aura des âmes à convertir et la reine n’est pas restée insensible à cet argument. Ilsavait aussi que la conférence réunie pour juger de l’utilité de son projet n’allait pas lui faire de cadeaux : pourquoi lui pourrait réaliser ce que personne n’avait jusque-là envisagé… Comme le dira un de ses détracteurs, l’historien Jordanès :« Les limites de cet océan ne sont connues que de Celui qui les a établies ». L’accord du Roi (et surtout de la Reine) est inespéré mais on peut lecomprendre si l’on se replonge dans cette période quasi-mystique que viennent de vivre les Espagnols. L’Espagne vient de reconquérir bravement son territoire sur les Musulmans avec la prise de Grenade et on y a vu là la main de Dieu. Le Roi d’Espagne peut maintenant se tourner vers d’autres horizons. Il faut bien voir que ces hommes étaient tous profondément croyants et que rien sur Terre ne se fait sansl’assentiment de Dieu. Pourtant le temps presse. Les Génois, les Vénitiens et les Portugais ont pris de l’avance dans la reconnaissance des nouvelles routes commerciales. Beaucoup partagent le point de vue de Colomb pour leur couper la route des Indes. De plus, l’expansion ottomane en Méditerranée risque de verrouiller définitivement les routes marchandes traditionnelles et terrestres vers les…