Chien bleu

décembre 15, 2018 Non Par admin

L’album qui va être présenté est « Chien Bleu », écrit et illustré par Nadja et publié à l’Ecole des Loisirs en septembre 1989.
Il s’agit de l’histoire d’une petite fille qui rencontre l’étrange chien bleu. De cette rencontre va naître une amitié d’abord rejetée par la mère, et l’aventure périlleuse qui se terminera par un retour au foyer et l’entrée de Chien Bleu dans la famille.
Dans unpremier temps, nous étudierons l’album comme hymne à la tolérance et au partage avec une amitié partagée avec la petite fille solitaire et triste. Dans un second temps, nous verrons comment l’album possède une deuxième dimension, celle d’un récit initiatique qui fera passer l’héroïne du statut de petite fille à fillette en explorant les angoisses liées à l’imaginaire de l’enfance.

C’est toutd’abord un récit qui fait appel aux émotions des enfants, qui se met à leur portée. En effet, l’album nous donne à voir dans sa première moitié, une enfant triste et solitaire. Cette petite fille apparaît d’entrée comme une enfant qui vit tristement sa solitude. Le graphisme, en premier lieu, nous montre toujours, les représentations étant très réalistes, une petite fille au visage marqué par latristesse. Dès la première page où elle rencontre Chien Bleu, son visage n’exprime pas de gaieté, la forme des yeux, l’expression qui lui sont données, marquent une forme de souffrance. Cette solitude montrée par le graphisme est d’ailleurs mise en relation avec le texte qui lui fait écho « jouait avec sa poupée ». Elle est présentée à la porte de sa maison, sur le seuil, sorte d’isolement du mondedans lequel elle est censée vivre, puisque c’est à l’extérieur qu’elle semble vivre sa solitude avec pour seule compagnie, une poupée. Les tons très vifs et chatoyants viennent d’ailleurs mettre en valeur la tristesse que dégage Charlotte. Ce visage, reflet de tristesse, est à nouveau mis en image après le refus de la mère de garder Chien Bleu. De plus, elle semble comme « emprisonnée » par le lieuoù elle est. Son buste est coupé par l’encadrement de la fenêtre occupant seulement une partie de la page de droite, enfermement renforcé par, à la fois la couleur sombre, marron, du mur entourant la fenêtre, Charlotte presque confondue avec ces couleurs, et à la fois par l’espace extérieur non clos, dont une partie de maison sur la gauche laisse place à un ailleurs au-delà de l’image contrastantpar les couleurs vives du ciel vert et du chien bleu, avec les couleurs tristes à l’image du visage de Charlotte.
Le réalisme du graphisme montre ainsi un récit dans lequel l’enfant lecteur va pouvoir sinon s’identifier, au moins ressentir, être inspiré de pitié pour Charlotte, qui rappelle à chacun au moins un moment de son existence, une expérience, que chacun peut avoir vécu. Lorsqu’elle setrouve à l’intérieur, le foyer ne semble pas plus un lieu de joie ou qui rompe sa solitude. La deuxième double page vient même accentuer cette idée. La chambre d’enfant est un lieu normalement rassurant, censé être l’univers de l’enfant. Ici, c’est un lieu presque effrayant où les couleurs vives ont presque entièrement disparu, laissant place à du noir et à des dégradés de marron. C’est un espacetrès austère, qui ne ressemble pas à une chambre d’enfant chaleureuse sans aucun détail décoratif. D’ailleurs, le lit semble démesuré par rapport à Charlotte qui apparaît comme perdue dans ce grand lit qui ne lui est pas du tout adapté. Il occupe plus de la moitié de la double page et Charlotte perdue, isolée, tournée vers l’extérieur de la maison. La narration vient en contre point de ce que racontel’image « dans sa petite chambre », renforçant l’impression d’un univers peu rassurant, puisqu’il apparaît d’autant plus comme inadapté à Charlotte. L’image parentale, quant à elle, n’inspire pas plus l’idée que Charlotte est entourée. Dans cette première moitié d’album, les parents n’apparaissent que deux fois. La première, c’est l’occasion du bain, censé être un moment privilégié, de…