Carrière

novembre 16, 2018 Non Par admin

Jean-René Tréanton
Le concept de « carrière »
In: Revue française de sociologie. 1960, 1-1. pp. 73-80.
Zusammenfassung
Ueber die Tendez, in der heutigen Gesellschaft, zu immer stârkeren Betonung der Berufslaufbahn, in verschiedenen Berufen,
namentlich im Handwerk.
Abstract
A critical review of the concept of ‘professionalisation’ with an emphasis on the ‘carreer’ in industrial jobs.Resumen
La tendencia a la «carrerización» que se dibuja en el seno de nuestras Sociedades en diversas profesiones, y especialmente en
los oficios manuales.
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Tréanton Jean-René. Le conceptde « carrière ». In: Revue française de sociologie. 1960, 1-1. pp. 73-80.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rfsoc_0035-2969_1960_num_1_1_1737
R. franc. Sociol., i960, i, 73-80
Le concept de « carrière »
par Jean-René Tréanton
Définir la « carrière » ? On dira : la vie de travail apparaît comme
une suite de seuils, d’étapes, de bifurcations dont la carrière marque lecours; ou mieux : la carrière est cette séquence même de statuts, de
rôles, d’honneurs, pour autant que la profession (et non pas le talent
personnel, ni la famille, ni le hasard, ni d’autres circonstances) en déter
minent la chronologie. L’étude des carrières n’a longtemps retenu les
sociologues que dans la mesure où ils dirigeaient leur regard vers les
plus structurées des « professions » :celles que ce mot seul, elliptique et
solennel, désigne dans la langue anglaise; rares activités (les notaires,
les médecins, les pasteurs, etc.) auxquelles leur recrutement sévère, leur
discipline intérieure, leur vieille tradition, et sans doute leur importance
sociale, confèrent une sécurité matérielle et un prestige sans comparaison
avec le commun.
On pourrait traduire : professions «ordonnées » (1) signifiant par là
que c’est dans un « ordre » qu’elles trouvent leur principe d’intégrité
et de durée. Il est vrai que, de nos jours, ces symboles s’affadissent,
cette éthique se lézarde : quel Français de 19 13 eût imaginé que des
notaires se feraient courtiers, des professeurs représentants de commerce,
boutiquières des épouses de colonels ? Le nivellement tient au progrèsde l’éducation, à l’égalité des moeurs, à la prolifération des activités
tertiaires, à bien d’autres phénomènes économiques et culturels. Les
« offices » , écrit Hughes (il entend ces rôles sociaux, particulièrement
dignifies, qui mettent en cause plus ou moins directement le destin, la
survie, de la collectivité : rôles de chef, de prêtre, de magicien), les
« offices » se sécularisent :dans cette mesure même, « ils exigent moins
de l’individu; ils l’obligent moins à réfréner son individualité. Ils se
font moins symboliques, plus sensibles au critère de l’efficacité pratique.
Une société libre, séculière, est, de ce point de vue, une société où
l’individu a toute latitude de diriger son énergie vers de nouveaux
objets, une société où il lui est toujours possible de créer denouveaux
(1) Hasardons ce néologisme, plus précis, plus clair dans son acception et plus
vrai dans son origine que le terme de professions < libérales », traditionnel, mais
paresseux : que dit-il à une intelligence du xx* siècle ?
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Revue française de sociologie
« offices » , autant que de changer la nature et les fonctions des « offices »
déjà existants… » (2).
L’autre atteinte vient dudehors. Hughes, dès 1927, analysait la
professionalization (traduire : ? « ordonnation » ) des marchands de biens
de Chicago : règles protectrices, code de relations confraternelles, rehaus
sement de statut, par quoi l’élite de la corporation cherchait à se
distinguer du fretin (3). Les exemples de telles ascensions collectives
se sont multipliés : experts-comptables, kinésithérapeutes,…