Capital social
Le rapprochement des deux termes « capital » et « social » suggère d’une part que l’on évoque une ressource qui peut s’accumuler et être utilisée à l’occasion et, d’autre part, que cette ressource est distincte de ce que l’on désigne par le capital économique et par le capital humain. Le capital économique est incorporé dans les objets ; on peut se l’approprier et il est échangeable. Le capitalhumain est incorporé dans les individus, il est lié à ce qu’ils ont appris, à leurs expériences, il appartient à la personne mais n’est pas échangeable. Le capital social, lui, serait incorporé dans les relations entre les personnes. On ne saurait ni se l’approprier ni l’échanger. Dès que l’on regarde la littérature sur le sujet, on est saisi par l’abondance des travaux mais aussi par la diversitédes approches. Le concept semble vraiment confus et le syntagme très polysémique.
Origines du capital social
Les origines du concept de capital social reviennent aux sociologues Émile Durkheim et Karl Marx :
Émile Durkheim qui considérait que la communauté constitue une protection contre l’anomie et le suicide.
Karl Marx suggérait que la conscience de classe et la mobilisation puissentconduire à un affranchissement de la classe ouvrière.
Globalement, parler de capital social revient à dire que l’implication et la participation dans la vie communautaire ont des conséquences positives sur les individus et la collectivité.
Définitions du capital social
Selon Bourdieu, le capital social est l’ensemble des ressources actuelles ou potentielles qui sont liées à la possession d’un réseaudurable de relations plus ou moins institutionnalisées d’interconnaissance et d’inter reconnaissance.
Pour Coleman, Le capital social est défini par sa fonction. Ce n’est pas une seule entité, mais une variété d’entités différentes ayant deux caractéristiques en commun :
• Une structure sociale ; et
• Une facilitation de certaines actions des individus dans la structure.
Le capital social estune donnée sociale que l’individu mobilise, consciemment ou inconsciemment, pour agir.
Errahj (2009), a signalé que “c’est dans cette perspective que l’on peut véritablement parler d’investissement en capital social, c’est à dire d’un renoncement au présent pour améliorer un gain potentiel future”.
Putman définit le concept de capital social comme étant “l’ensemble des caractéristiques del’organisation sociale telles que les réseaux, les normes et la confiance, qui facilitent la coordination et la coopération, pour un bénéfice mutuel ”.
On peut dire que, Bourdieu attribue une valeur quantitative au concept de capital social, comme d’autres formes de capital, il est productif, rendant possible la réalisation de certains buts qui ne pourraient être réalisés en son absence.
Alors que,pour Putman c’est le contraire, le capital social est une caractéristique que les individus cherchent à développer pour réaliser leur bien être, le capital social favorise essentiellement l’action collective.
Coleman se situe dans une position intermédiaire, il définit le capital social par rapport à deux dimensions, une à valeur sociale, et l’autre à une valeur quantitative.
Trois points de vue: macro, micro, méso
Comme pour d’autres concepts le sens du capital social dépend du point de vue qu’adopte l’analyste.
Certains adoptent le point de vue “ macro ” et utilisent l’expression capital social pour désigner les ressources partagées par l’ensemble des membres d’un groupe de grande taille ou d’une société. Ils y incluent les formes de régulation de la vie en commun. Dans cetteacception le capital social renvoie à des notions générales et donc abstraites telles que des valeurs, des normes qui permettent la vie en société. Le concept devient difficile à distinguer de celui de culture, ce que d’ailleurs certains sociologues ont pointé en se demandant s’il était bien utile d’avoir deux expressions.
En adoptant un point de vue “ micro ”, on comprend que le capital social…