Bvgjh
Systèmes d’information et innovation strategique : une etude de cas
Isabelle BOURDON
Maître de Conférences en Sciences de gestion
Ecole Polytechnique Universitaire – Université Montpellier II
Laboratoire du CREGOR- Département Sciences de Gestion
Place Eugène Bataillon
34095 MONTPELLIER Cedex 5 – FRANCE
Tél:(33) (0) 4 67 14 42 17 – fax:(33) (0) 4 67 14 42 [email protected]
Laurence LEHMANN-ORTEGA
Professeur en stratégie
Groupe Sup de Co Montpellier
CEROM
2300 Avenue des Moulins
34185 Montpellier Cedex 4
Tél :(33) (0) 4 67 10 28 57
[email protected]
Destination de l’article : SIM
Résumé
A travers une étude de cas inédite, l’objectif de cet article est de montrer l’apport des systèmes d’information (SI) auxmouvements stratégiques spécifiques que constituent l’innovation stratégique, forme particulière des innovations de rupture. Le cas exploré a crée et renouvelé un nouveau modèle d’affaires dans le secteur de la liste de mariage. Il illustre notamment l’apport des SI à la création d’avantage concurrentiel, et souligne la nécessité d’un alignement entre SI et stratégie.
The objective of this paper is toshow the role of information systems (IS) in strategic innovation, a specific form of disruptive innovation. Two main theoretical frames have analysed the link between IS and strategy: the first considers IS as creator of a competitive advantage, the second insist on the necessity to align IS and strategy. Through a new case study, we show that those theories are complementary and explain the roleof IS in the creation and the evolution of new business models.
Mots clés
Rupture, innovation stratégique, système d’information, modèle d’affaires
Breakthrough, strategic innovation, information system, business model
INTRODUCTION
L’innovation est un thème ancien et particulièrement vaste en littérature. Une des approches les plus récentes est proposée par Christensen (1997), quioppose les innovations dites « de rupture » aux innovations « soutenables »[1]. Selon lui, les premières se caractérisent par leur capacité à entraîner des bouleversements du marché et à remettre en cause les leaders, tandis que les secondes sont accessibles aux leaders établis car elles s’inscrivent en continuité avec leurs modes opérationnels habituels. Si, au départ, Christensen ne se focaliseque sur les innovations de nature technologique, il élargit par la suite l’application de son terme pour y inclure non seulement des technologies mais également des produits et des nouveaux « modèles d’affaires »[2] (Christensen et Raynor, 2003; Markides, 2006). Ce dernier type d’innovation de rupture est appelé « innovation stratégique » et peut se définir comme la capacité à créer de nouvellesstratégies qui modifient les règles du jeu concurrentiel dans l’industrie (Baden-Fuller et Stopford, 1994) et qui consistent à revisiter les règles du jeu existantes (Markides, 1997; Hamel, 1998; Abraham et Knight, 2001; Govindarajan et Gupta, 2001). Traditionnellement, les recherches sur l’innovation se sont focalisées sur le produit ou la technologie, tandis que celles sur la stratégie seconcentrent sur la recherche d’un avantage concurrentiel durable. Ainsi, la littérature émergente sur l’innovation stratégique combine ces deux écoles de pensées généralement distinctes (Krinsky et Jenkins, 1997).
Par ailleurs, les liens entre systèmes d’information (SI)[3] et stratégie ont été explorés par les chercheurs dès le début des années quatre-vingt, et ont conduit à de nombreux travaux(McFarlan, 1984; Keen, 1993; Luftman et al., 1993). Reix (2004) résume l’évolution de la pensée sur la question des enjeux stratégiques des SI en ces termes : pour lui, il semble que l’on soit passé d’une fonction traditionnelle de support des activités à celle d’instrument de base de la stratégie. Deux principaux courants de pensée liant SI et stratégie proposent des points de vue complémentaires…