Biographie honore de balzac
Honore De Balzac
Balzac naquit à Tours le Ier prairial de l’an VII (20 mai 1799), à la veille du coup d’État du 18 brumaire et de la reprise en main de la société corrompue et libertine du Directoire par Bonaparte, le glorieux général de la campagne d’Italie, rentré précipitamment d’Égypte et accueilli en héros.Son père, Bernard-François Balzac, cinquante-trois ans, était alors directeur desvivresde la 22e division militaire de Tours, centre de distribution des fonds pour la guerre contreles chouans et les Vendéens, qui défiaient l’autorité chancelante de la république dans l’Ouest catholique. Après avoir servi pendant quinze ans comme secrétaire au Conseil du roi, et négocié sans trop de dommages le changement de régime au tournant de la Révolution, il allait poursuivre dansl’administration tentaculaire du Consulat et de l’Empire une carrière plus qu’honorable pour un fils de laboureur du Rouergue, aîné d’une famille de onze enfants, dégrossi par le curé de son village et monté à Paris riche de sa seule faconde.La mère de Balzac, née Anne Sallambier, vingt ans, jolie, coquette, était quant à elle la fille du directeur de la régie des Hospices de Paris, issu lui-même d’unelignée de marchands drapiers spécialisés dans les fournitures aux armées. Son mariage avec Bernard-François était évidemment un mariage de convenance.Honoré naissait un an, jour pour jour, après un premier garçon, Louis-Daniel, que Mme Balzac avait perdu juste après sa naissance. Il fut immédiatement mis en nourrice à Saint-Cyr-sur-Loire, et en garda toute sa vie le sentiment de ne pas avoir étédésiré. Son affection se reporta entièrement sur sa sœur Laure, née l’année suivante, et placée chez la même nourrice. Pendant de nombreuses années, elle sera son grand amour, son champion et sa confidente.Ce n’est qu’en 1803, juste après la naissance d’une seconde sœur, Laurence, promiseà un destin dramatique, qu’Honoré et Laure regagnèrent le domicile familial – un bel hôtel particulier que leurpère, promu aux fonctions de directeur de l’hospice et d’adjoint au maire, venait d’acheter dans la rue principale de Tours. Les enfants furent alors confiés à une gouvernante, peu cajolés par leur mère, qui, impatiente de jouir de sa nouvelle position et des charmes de sa jeunesse, se consacrait pleinement à ses devoirs mondains et se montrait fidèle aux principes d’éducation sévères auxquels elleavait elle-même été soumise.Cette rigueur maternelle, écrira Laure dans le petit livre de souvenirs qu’elle publia en 1858 sur son frère, comprima les tendres expansions d’Honoré, à qui l’âge et la gravité de son père inspiraient aussi de la réserve.En avril 1804, tandis que le Premier consul, à la veille d’être proclamé empereurdes Français, promulguait le code civil, Honoré entrait à l’écoleprimaire. Et les trois années qui suivirent furent sans doute les plus belles pour la famille Balzac et pour Honoré, bel enfant gai aux grands yeux noirs, aux babillages étourdissants, qui lisait avec passion et improvisait volontiers de petites comédies.Puis la carrière de Bernard-François se gâta lorsque son principal appui, le préfet Pommereul, très anticlérical, fut muté au terme d’une lutte sansmerci avec l’archevêquede Tours. Il dut alors faire face au zèle inquisiteur du nouveau préfet, qui l’accusa injustement d’avoir détourné des fonds publics; et il quitta finalement en 1808 ses fonctions d’adjointau maire. L’élégance et les relations de Mme Balzac firent bientôt jaser aussi. Et lorsque naquit en 1807 le petit Henry Balzac, la rumeur courut que l’enfant était le fils naturel de Jeande Margonne, châtelain de Saché (ce que Balzac et le testament de M. de Margonne confirmèrent des années plus tard). Mme Balzac prodigua d’ailleurs à son petit dernierune tendresse folle, dont on ne manqua pas de remarquer qu’elle contrastait vivement avec le traitement réservé à ses autres enfants.Trois mois avant la naissance d’Henry, Honoré était entré en huitième comme interneau collège…