Bardamu un candide des temps modernes
Bardamu, un candide des temps modernes ?
Les deux sont d’origine française. Les deux ont créé des chefs d’œuvres de la littérature. Les deux ont fasciné des milliers de lecteurs et en ont rendu plus d’un perplexe. Les deux ont créé des personnages intriguants. Néanmoins, l’un est né au 17ème siècle, l’autre au 19ème. Le premier a imaginé Candide ou l’Optimisme, le second Voyage au bout de lanuit. Les deux racontent la vie d’une personnalité prodigieuse. L’un l’existence de Candide, l’autre celle de Bardamu. Dès lors, pouvons-nous rapprocher ces deux protagonistes ? Avons-nous la possibilité de leurs déceler des similitudes ou au contraire des dissemblances ? Afin d’éclairer cette question, nous nous concentrerons plus particulièrement sur certains points communs ; puis sur quelquesdifférences. D’un côté, nous remarquerons que ces deux êtres sont dotés de concordances assez flagrantes du point de vue de leurs péripéties et leur naïveté en ce qui concerne le monde. De l’autre, une façon différente d’agir et d’avancer lors de ces périples.
Que ce se soit dans le roman de Céline ou celui de Voltaire, le voyage est omniprésent. Dans les deux cas, le périple n’est qu’une suite defuites, de désillusions et surtout de guerres. Dans le roman Voyage au bout de la nuit de Céline, Bardamu les multiplie. Son périple commence à Paris, lorsqu’il s’engage pour partir faire la guerre. Il fait cela sur un coup de tête, il est jeune et naïf et ne sait pas vraiment ce qui l’attend (nous verrons plus loin, que cette naïveté est aussi partagée par Candide). Le choc est alors d’autant plusfort. Il y découvre toute l’horreur et la haine de l’humanité et sera à partir de ce moment-là un autre homme, et restera marqué à vie. Cette partie de la vie de Bardamu peut être mise en parallèle avec celle de Candide. En effet, après avoir embrassé la fille du baron de Thunder-ten-tronck, Candide est chassé. Dès lors il est projeté dans le vaste monde, il trébuche de malheurs en misères. Il estengagé dans l’armée Bulgare et participe à une bataille qu’il qualifiera de « boucherie ». Cette image est reprise par Bardamu lorsque son supérieur se fait éclater par un obus « toutes ces viandes saignaient énormément ensemble ». Le thème de la guerre est présent dans les deux romans. Dans le chapitre deux de Candide ou de l’Optimisme, il échappe de justesse à la mort, à cause d’une tentative dedésertion involontaire. Bardamu aussi est un déserteur mais volontaire comme on le verra dans un paragraphe suivant. Le personnage de Céline part ensuite pour l’Afrique où il y découvre l’horreur de l’exploitation coloniale et vit dans des conditions effroyables et repart de ce pays encore plus traumatisé qu’avant. Cette vision d’horreur, Candide l’a aussi aperçut lorsqu’il rencontre un esclavenègre mutilé par son maître. Tout comme Bardamu, Candide voyage en Amérique (New-York pour Bardamu ; Amérique du Sud pour Candide). Ils sont de nouveau désillusionnés: là-bas, la vie de l’un n’est que solitude et pauvreté alors que celle de l’autre est plongée dans un monde de misère. Au travers de leurs nombreux périples étrangement similaires, l’un comme l’autre ont été dégoûtés par l’humanité etn’ont pas compris le monde dans lequel ils vivent ni les hommes qui les entourent. Les textes opposent deux images (très bien représentées par la guerre) avec d’abord le regard des protagonistes et leurs préjugés, puis la réalité concrète de ce qu’ils découvrent et donc un regard beaucoup plus réaliste.
Comme mentionné précédemment, la naïveté est un point important entre les deuxprotagonistes.
Dans Candide ou l’Optimisme, elle est poussée très loin par Voltaire et il en va de même dans le livre de Céline. Commençons par Candide. Il est, comme son nom l’indique, naïf, crédule et donc simple d’esprit. Il croit dur comme fer la philosophie de Pangloss. « Candide écoutait attentivement, et croyait innocemment…» (p.27) puis cela continue tout au long du livre « il lui raconta de la…