Banque afrique de developpement francophone noire

août 19, 2018 Non Par admin

Robert Badouin

Les Banques de développement en Afrique noire francophone
In: Tiers-Monde. 1965, tome 6 n°21. pp. 265-271.

Citer ce document / Cite this document : Badouin Robert. Les Banques de développement en Afrique noire francophone. In: Tiers-Monde. 1965, tome 6 n°21. pp. 265271. doi : 10.3406/tiers.1965.2068http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/tiers_0040-7356_1965_num_6_21_2068

LES EN

BANQUES AFRIQUE

DE

DÉVELOPPEMENT FRANCOPHONE

NOIRE

par Robert Badouin (i) Trois faits récents paraissent indiquer que le processus de mise en place des banques de développement parvient à son terme dans les États de l’Afrique noire francophone. Au mois de mai 1964, la Banque ivoirienne pour le Déve loppement industriel, dont la création avait été annoncée àplusieurs reprises, est instituée. Quelques mois plus tard, en juillet, la Banque nationale pour le Développement du Sénégal naît de la fusion de la Banque sénégalaise de Développement et du Crédit du Sénégal. Enfin au cours des discussions budgétaires au Togo, on a annoncé la transformation du Crédit du Togo, un des rares organismes à porter encore cette dénomination ancienne, en une Banque deDéveloppement. Quoique les institutions africaines connaissent de perpétuelles mutations, il semble que le moment soit venu de faire le point sur cette question. * ** Les Banques de Développement représentent le dernier élément d’un ensemble bancaire complexe, résultant d’apports successifs, réalisés à des époques diverses. Rappelons que les transactions non monétaires ont prédominé en Afriquejusqu’à la fin du xixe siècle. Dans l’économie traditionnelle, la monnaie n’est pas inconnue : elle prend la forme de marchandises ou de pièces import ées l’étranger. Mais l’économie de subsistance et les transactions par voie de de troc l’emportent. Même dans les relations avec le monde extérieur, à l’époque de l’économie de comptoir, l’échange monétaire ne parvient pas à s’imposer. L’échange en natureprédomine, c’est la célèbre « troque » avec ses deux variétés : la troque à terre et la troque sous voile. Avec la mise en place d’une administration, la colonisation s’implante et importe les techniques bancaires dont elle a besoin pour alimenter les circuits monétaires et les régulariser. Lointaine ancêtre, la Banque du Sénégal, créée vers le milieu du xixe siècle, devient ensuite la Banqued’Afrique occidentale (1) Professeur aux Facultés de Droit et de Sciences économiques de Montpellier et de Dakar. 265

TIERS MONDE cumulant les fonctions de banque d’émission et de banque commerciale. Peu à peu des concurrents apparaissent : la Banque commerciale africaine, la Banque nationale pour le Commerce et l’Industrie, le Crédit Lyonnais, la Société générale. C’est le prolongement outre-merdu réseau bancaire métropolitain. Vers 1950 il apparaît opportun de séparer les fonctions d’émis sion celles du crédit. La spécialisation s’accuse et deux Instituts d’émission de sont créés en Afrique occidentale. Entre-temps il était apparu nécessaire de mettre en place des institutions de financement à long terme. Au lendemain de la seconde guerre mondiale, le Fonds d’Investissement et deDéveloppement économique et social est créé ainsi que la Caisse centrale de la France d’outre-mer. Il s’agit de moderniser l’économie des territoires d’outre-mer en finançant des travaux d’infra structures, opérations préalables à l’implantation d’entreprises industrielles. A la même époque il paraît opportun de faciliter l’accès des populations autochtones au crédit dans un but de promotion sociale. Lasurrection d’une classe d’entrepreneurs locaux doit être stimulée par la mise à la disposition des intéressés des moyens de financement indispensables. Des organismes de crédit social sont créés par la Caisse centrale de la France d’outre-mer et leur mise en place s’effectue à partir de 1948. Puis vint l’indépendance politique. Chaque État est désormais doté d’un pouvoir autonome de décision….