Au lecteur baudelaire

décembre 1, 2018 Non Par admin

• Le Rouge et le Noir, Stendhal :

Le passage proposé est extrait de l’œuvre de Stendhal, de son vrai nom, Henry Beyle, Le Rouge et le Noir. Ce roman, appartenant au romantisme, fut publié chez Levasseur (maison parisienne) en 1830. C’est le second roman de Stendhal après Armance. Il relate l’histoire de Julien Sorel, héros charismatique, admirateur de Napoléon et nostalgique d’une époque qu’iln’a pas connue. L’histoire se passe sous la société de restauration, dirigée par le monarque Louis XVIII, ayant pris effet en 1814 après la chute du second Empire. Julien est déchiré entre son aversion pour les royalistes et son désir de gloire et de reconnaissance dans la société. Au sommet de son ascension, fiancé à Mathilde de la Mole, il tente de tuer Mme de Rênal, son premier amour, quiaurait confessé à un prêtre leur liaison et dénoncé Julien comme un être sans principe de religion. Le parcours de Julien Sorel s’apparente largement à celui d’Antoine Berthet, personne réelle de l’époque, source d’inspiration de Stendhal. En effet le jeune homme, remarqué très tôt pour sa vive intelligence, entre au séminaire, puis devient précepteur dans une famille bourgeoise. Il tombe amoureux deMadame Michoud, maîtresse de la maison, et devient son amant. De crainte que leur liaison ne soit dévoilée, il s’éloigne et séduit la fille Cordon, jeune fille noble qui le chasse. Amer de n’avoir su tirer profil de son intelligence, il tire de dépit sur son premier amour, Mme Michoud. Il fut jugé en 1827 et exécuté l’année suivante à 25 ans. C’est dans une scène capitale de l’œuvre, le jugementde Julien, que celui-ci prend enfin la parole à cœur ouvert. N’ayant plus rien à perdre, le jeune homme, dans une prise de parole ultime, s’adresse aux jurés et témoigne une dernière fois de sa grande éloquence.
Premièrement, en quoi cette scène constitue-t-elle un plaidoyer ?
Ensuite, en quoi son discours traduit-il un crime passionnel ?
Enfin, comment fait-il un pamphlet de la société del’époque ?

I- Le plaidoyer
A-Discours destiné au public :
– Position de Julien , « il se leva » ligne 6, on comprend qu’il destine un discours au public, dans le but de mieux capter l’attention, il fait en sorte d’être vu et entendu de son auditoire. De plus, il regarde la salle « je ne vois sur ce banc… » ligne 25
– Répétition du vocatif « Messieurs les jurés » ligne 9, « Messieurs » ligne 11,18, 24. Interpellation essentielle, stimule intérêt du public.
– Pronom démonstratif « votre » 11, relatif « vous » 14,12.
Un discours donc largement destiné à être entendu, il cible l’auditoire et ne cesse de le faire participer grâce aux nombreuses interpellations.
B- Un discours persuasif :
Tente de provoquer l’empathie « à ce que ma jeunesse peut mériter de pitié » 19,20. Semble fairel’éloge de l’auditoire « Je n’ai point l’honneur d’appartenir à votre classe » 11 Se dévalorise au profil de l’auditoire : « la bassesse de sa fortune » 12 , se qualifie en terme péjoratif « paysan » 12 Il fait appel à l’émotion et à la sensibilité du public, est dans l’optique de séduire pour donner plus de force à son discours. Il parait vouloir émouvoir la salle pour mieux expliquer son acte.
C- Sagrande éloquence :

( discours structuré avec introduction 10-14, conjonction de coordination « mais » 18, peu d’éléments mais on peut toujours essayer de l’utiliser ) A travers l’émotion des femmes : – – « les yeux de Mme de Derville qui, aux lumières lui semblèrent bien brillants. Pleurerait-elle par hasard ? » ligne 7-8 se demande Julien, conscient de l’effet qu’il opère sur cette dernière. –métaphore hyperbolique « Toutes les femmes fondaient en larmes », insistance sur le pouvoir de l’argumentation de Julien. – renchérissement « Mme Derville elle-même avait son mouchoir sur les yeux » 30-31 – L’apothéose du discours « Mme Derville jeta un cri et s’évanouit », acte dramatique, presque théâtral, l’orateur a puissamment mené son discours. Il réussit encore une fois grâce à sa…