Argumentation

décembre 16, 2018 Non Par admin

OUTILS D’ANALYSE. L’ARGUMENTATION : convaincre, persuader, délibérer

Qu’est ce qu’argumenter ?

1. Argumenter/démontrer

Il faut distinguer l’argumentation de la démonstration. Un scientifique (mathématicien ou physicien par exemple) cherche à établir la vérité d’une loi ou d’une hypothèse en fournissant des preuves mathématiques ou physiques. Sa démarche est démonstrative. Elleconsiste à produire, par un calcul abstrait qui obéit aux seules lois de la logique, une conclusion vraie ou probable. Fondée sur des vérités impersonnelles (lois logiques, théorèmes, axiomes), sa démonstration est donc indépendante du contexte, sa validité est universelle. A la différence du scientifique, l’avocat cherche à établir l’innocence de son client, en offrant des raisons de croire en sonopinion. Sa démarche est argumentative : il vise par son discours à convaincre et à persuader un auditoire, le jury et doit donc s’adapter à un contexte particulier. Même s’il se fonde sur des preuves objectives, il devra encore jouer sur les attentes de son public, sur ses croyances, ses valeurs, ses désirs, etc. Et son argumentation sera efficace si et seulement si elle emporte l’adhésion desdestinataires. Pour convaincre votre interlocuteur, il ne suffit pas en effet que votre raisonnement soit valide (conforme aux règles logiques), il faut encore qu’il soit acceptable (idéologiquement, moralement, psychologiquement).
Selon Aristote, toute argumentation repose sur des prémisses vraisemblables, c’est à dire des opinions reçues ou acceptées par l’ensemble ou par la majorité de lacommunauté culturelle ou historique, ce que l’on peut appeler une « doxa ». L’orateur s’il veut convaincre doit en quelque manière prendre appui sur la « doxa » de son auditoire. Il doit s’assurer de l’acceptabilité idéologique de ses arguments. Pour prendre un contre-exemple, la pétition de principe, c’est-à-dire le fait d’admettre comme principe de son argumentation une thèse qu’on croit valablemais à laquelle n’adhère pas le destinataire a de fortes chances de rendre l’argumentation inefficace, car tout ce qui sera avancé par l’orateur sera d’emblée rejeté par son auditoire comme découlant de cette pétition de principe.

2. Convaincre/persuader

La démonstration au sens strict se présente comme un raisonnement fondé sur des propositions dont la vérité est déjà connue et à partirdesquelles on infère d’autres propositions. Elle est un instrument de justification logique et scientifique. Si le raisonnement entre dans l’argumentation, il n’en constitue qu’un élément subordonné ; la finalité de l’argumentation étant l’adhésion du destinataire. On distingue généralement deux voies, deux techniques par lesquelles on cherche à l’obtenir (ces techniques pouvant bien sûr êtreutilisées dans le même discours argumentatif :
– celle visant à convaincre le destinataire, c’est-à-dire à obtenir l’adhésion réfléchie du destinataire par un examen des raisons. Convaincre, c’est faire partager à l’autre ses raisons et ses valeurs pour qu’il les déclare siennes et se déclare convaincu. Cette démarche argumentative vise à une certaine universalité, elle est censée valoir pourtous.
– celle visant à persuader le destinataire, c’est-à-dire à obtenir l’adhésion affective d’un destinataire particulier dont on sollicite les attentes, les rêves ou les émotions. Alors que la démarche de conviction repose d’abord sur l’usage du raisonnement, sur les ressources de la logique et de la raison, la persuasion pratique la suggestion, la séduction. Elle utilise les ressources de larhétorique et peut aussi se présenter sous un aspect non argumentatif (récit, apologue, etc.) et constituer une argumentation indirecte, biaise. La persuasion n’est plus partage de raisons mais confirmation de ses propres raisons.
3. Argumenter/délibérer

Les opinions humaines étant contingentes à la différence des vérités logiques et scientifiques, elles donnent lieu à débat : le…