Analyse le serment des horaces de jacques louis david
Né d’une commande de Louis XVI qui souhaitait une œuvre noble et morale, le Serment des Horaces de Jacques Louis David (huile sur toile, 330 × 425 cm, musée du Louvre, Paris) évoque un épisode de l’Histoire de Rome de Tite-Live, le combat des trois Horaces, tenants de Rome, contre les trois Curiaces, tenants d’Albe, pour mettre fin à la guerre qui oppose les deux cités. Inspiré de la tragédie deCorneille, le moment représenté est celui où les frères prêtent serment devant leur père de vaincre ou de mourir. Sur la droite, les femmes pleurent la lutte fratricide (Sabine, épouse d’un Horace, est la sœur des Curiaces ; Camille, sœur des Horaces, est fiancée à l’un des Curiaces).
Si le combat apparaît bien dans plusieurs sources littéraires (Tite-Live, Plutarque, et autre), le sermentlui est une invention de David. Il est possible que David qui était franc-maçon ait été inspiré par les procédures de serment utilisant des épées de ceux-ci.
Ce tableau est considéré comme un des chefs-d’œuvre du néoclassicisme tant dans son style que dans sa description austère du devoir. Dans ce tableau, David brise les règles habituelles de composition endécentrant les sujets principaux. Il oublie aussi les principes de l’Académie en traitant ses couleurs et reliefs de manière relativement plate. La scène se déroule dans un atrium. Vêtus à l’antique, les personnages adoptent des attitudes inspirées de la statuaire romaine. Héroïsme et patriotisme, prééminence de la raison d’État sur les sentiments sont essentiellement rendus par la composition générale etl’attitude des personnages, statiques et dépourvus d’expressions émotives. À la composition pyramidale des hommes convergeant vers le sommet que forment les épées levées est opposée la position affaissée des femmes. Volontairement réduites aux seuls jaune, bleu, rouge ainsi qu’aux tons neutres, les couleurs laissent la primauté au dessin, en réaction à la tendance coloriste du XVIIIe siècle.Au cœur d’une action héroïque transmise depuis des siècles sous les deux formes légendaire et théâtrale, David invente, insère et signe une scène de son cru : la peinture d’un serment par lequel les trois frères Horaces s’engagent devant leur père pour la suprématie de Rome. Certes, les éléments contextuels connus permettent aisément d’imaginer la teneur et la valeur du serment. Prêts à recevoirleurs armes des mains du vieil Horace, les fils promettent solennellement de vaincre ou de mourir, dans le combat qui les oppose aux trois frères albains. Picturalement, la composition du tableau cadre un moment quasi religieux. Concourent à cet effet l’échelle imposante d’une triple arcature dorique rappelant une disposition de la Renaissance, l’épaisseur d’écoute de galeries obscures enarrière-plan, une lumière descendant de très haut. Au premier plan, se détache la formation rangée des frères, en aplomb impeccable. Strictement axée sur l’arcade de gauche, la fratrie des Horaces accomplit devant le Père, figure centrale, le geste solennel des bras tendus, paume tournée vers le sol. La situation du groupe féminin, axé obliquement sur l’arcade de droite, fait problème. Il s’intègre aupremier plan par la couleur, mais s’éloigne par son échelle qui semble réduite.
Sur le plan rhétorique, ce tableau est une double gageure. Il relève du modèle historique et du modèle religieux. Exalté par le culte des gestes et des vertus de la Rome antique, le citoyen David a conçu le tableau comme un exemplum pour son temps. De plus, il s’est lui- même reconnu comme un héritier des leçons del’antique république. L’acte héroïque qu’accomplissent les Horaces en prêtant serment pour elle doit être aussi compris comme le sien. Il fallait donc traduire sur la toile quelque chose de cette opération langagière singulière qu’est un serment, de sa dynamique profonde. Dans un serment, l’invocation d’une instance sacrée accompagne en effet la parole donnée.
Trouant en son cœur l’immense espace du…