Analyse du film « l’homme d’aran » de robert flaherty
1. Quels sont les objectifs du film? Afin de déterminer les objectifs du film nom du film de Flaherty, notre développement se basera (fondera) sur les traits particuliers que nous avons pu isoler. Nous élaborerons donc notre réflexion à partir de l’impact social, simultanément individuel et collectif de l’œuvre. Nous confronterons ensuite ces idées (concepts ?) aux fondements stylistiques de cedocumentaire, nous attardant alors sur une dimension plus technique et formelle de l’œuvre. La première partie de ce travail s’attachera tout d’abord à mettre en exergue l’admiration que vouait le réalisateur au peuple d’Aran et à l’impact que cette inclination (tendance ? vision ?) a pu avoir sur son film. Plusieurs exemples représentatifs illustreront ensuite la tradition romantique (poétique) deRobert Flaherty ainsi que son attachement aux valeurs occidentales traditionnelles. Nous isolerons dès lors l’un des thèmes majeurs de Man of Aran : la toute puissance de la nature face aux pauvres moyens de l’homme. Un thème récurrent qui dominera (j’ai effacé le d’ailleurs) une grande partie des travaux du célèbre réalisateur américain. Nous nous pencherons finalement sur certains choixnarratifs guidés par la quête individuelle de Flaherty pour la vérité ancienne ainsi que par sa passion pour « les contes du folklore mondial, dernier rempart contre les folies de l’homme civilisé »1 1.1. L’admiration Après sa première tentative de tournage sur les esquimaux (près de 25000 mètres de pellicule qui ont disparu en fumée), Flaherty déclarait « Ma seule raison de faire ce film, c’était ma grandeadmiration pour ce peuple »2. Et il semble que ce soit une idée que l’on retrouve comme trame de fond dans plusieurs de ses œuvres. Dans Nanook of the North, Flaherty rend hommage aux difficiles conditions de vie d’un peuple en voie de disparition. Il veut mettre en évidence le courage quotidien de cette communauté qu’il a appris à connaître et à admirer. Par son film, il désirait conserver lamémoire d’une culture qu’il voulait faire découvrir à tous. Sa démarche semble s’inscrire dans le même état d’esprit pour Man of Aran. Lors de son entretien avec Robert Gardner3, Frances Flaherty souligne que son mari était fasciné par le courage des gens d’Aran, un courage qui, durant le tournage, donnait vie à son film. « Maggie par exemple, tenait absolument à porter la plus grosse charge possiblede varech, même après qu’une vague ce soit abattue sur elle et l’ait submergée et presque noyée. Quant au petit Michaël, il a exigé de pêcher depuis la plus haute falaise, même si les rochers tremblaient sous lui. (…) La dernière séquence du film montre une tempête. Et en voyant ces trois hommes en coracle, pris dans la tempête, vous vous demanderez certainement si nous les avons mis en dangersimplement pour les besoins du film. La vérité est qu’ils voulaient y aller. Ils avaient pris le film en main. C’était leur film, c’était eux qui le faisaient. Un film pour montrer au monde entier quel genre d’hommes ils étaient », des hommes courageux et remplis d’orgueil selon l’équipe de tournage.
AGEL, Henry. Robert J. Flaherty. Paris, Editions Seghers (coll. Cinéma d’aujourd’hui), 1965 In AGEL,Henry. Op cit. 3 « Flaherty and Film », Entretiens de Frances Flaherty avec Robert Gardner (directeur du département d’études cinématographiques du musée Peabody d’archéologie et d’ethnographie de l’université de Harvard). National Educational Television, Etats-Unis, 1958
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Les habitants de cette île étaient admirables car ils faisaient face à la rudesse de leur environnement, aucun d’euxne se plaignait, au contraire, tous assumaient jusqu’au bout les tâches nécessaires à leur survie et voulaient montrer au monde la fierté et le courage d’un peuple. N’est-ce pas de l’admiration pour une bravoure à toutes épreuves qui émane de la fameuse scène de pêche du requin pèlerin? Trois hommes munis de quelques harpons luttant durant deux jours sur une embarcation chétive. Flaherty a…