Alfred de musset-la confession d’un enfant du siècle chapitre 2
« La confession d’un enfant du siècle »
dans son contexte historique
Cette histoire rappelle à bien des égards l’aventure malheureuse que Musset connut avec George Sand.
Cependant, ce roman dépasse largement le simple témoignage autobiographique, puisque Musset situe son histoire dans une perspective plus générale, d’ordre historique :
Cette œuvre est l’un des plus subtils documents del’époque sur
« la maladie du siècle » :
« Un sentiment de malaise inexprimable commença … à fermenter dans tous les cœurs jeunes », qui « se sentaient au fond de l’âme une misère insupportable ».[1]
Et puis, il est doux de se croire malheureux, lorsqu’on n’est que vide et ennuyé ». ..
« Si j’étais seul malade, je ne dirais rien, mais, comme il y en a beaucoupd’autres qui souffrent du même mal, j’écris pour ceux-là ».
Les mots du titre « enfant » et « siècle » résument bien le propos :
« Enfant »,
Parce qu’il s’agit de la jeune génération, née après les bouleversements révolutionnaires :
« Enfants pleins de force et d’audace », Ils sont les « fils de l’Empire et petits-fils de la Révolution » ; c’est une génération qui a environvingt ans en 1830 et qui est le produit, le résultat de ces bouleversements : « une génération ardente, pâle, nerveuse » d’enfants « conçus entre deux batailles, élevés dans les collèges aux roulements de tambours ».
« Siècle »,
qui désigne ce tout nouveau XIXème siècle, passage entre un passé glorieux et un avenir incertain :
« Derrière eux un passé à jamais détruit, s’agitantencore sur ses ruines, devant eux l’aurore d’un immense horizon, les premières clartés de l’avenir ».
Musset analyse la difficulté de vivre entre ces deux mondes :
« Le siècle présent, qui sépare le passé de l’avenir, qui n’est ni l’un ni l’autre et qui ressemble à tous deux à la fois, et où l’on ne sait, à chaque pas qu’on fait, si l’on marche sur une semence ou sur un débris ».Telle est la réalité de ce mal du siècle, si bien défini au début du roman, et dont voici quelques extraits, accompagnés de repères historiques…
Musset – La Confession d’un enfant du siècle – I
|Chapitre premier |Repères historiques : |
|Pour écrire l’histoire de sa vie, ilfaut d’abord avoir vécu ; aussi n’est-ce pas la mienne que j’écris. | |
|Ainsi, ayant été atteint, dans la première fleur de la jeunesse, d’une maladie morale abominable, je raconte ce qui m’est | |
|arrivé pendant trois ans. Si j’étais seul malade, je n’en dirais rien ; mais comme il y en a beaucoupd’autres que moi qui| |
|souffrent du même mal, j’écris pour ceux-là… | |
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|Chapitre II| |
|Pendant les guerres de l’empire, tandis que les maris et les frères étaient en Allemagne, les mères inquiètes avaient mis | |
|au monde une génération ardente, pâle, nerveuse. Conçus entre deux batailles, élevésdans les collèges aux roulements de | |
|tambours, des milliers d’enfants se regardaient entre eux d’un œil sombre, en essayant leurs muscles chétifs. De temps en | |
|temps leurs pères ensanglantés apparaissaient, les soulevaient sur leurs poitrines chamarrées d’or, puis les posaient à |Allusion aux guerres…