A une passante – lecture analytique

septembre 22, 2018 Non Par admin

I- AXE : UNE SCENE ROMANESQUE a)Opposition traditionnelle quatrains/tercets dans le sonnet .
Il s’agit de la rencontre entre le narrateur et une mystérieuse passante : une première partie (v.1 à 9) est consacrée à l’apparition de la femme ; la seconde (v.9 à 14) à une méditation du narrateur, où celui-ci analyse les répercussions intérieures provoquées en lui par cet événement. Cette structurebinaire peut aussi s’analyser au niveau de l’énonciation : récit de 1 à 9, discours adressé à la disparue de 9 à 14. Au niveau des temps verbaux : passé simple / imparfait de 1 à 9, temps du discours (présent, passé composé, futur) de 9 à 14. Enfin, elle correspond à la structure du sonnet qui confère traditionnellement une unité de sens aux quatrains en les opposant aux tercets, eux aussi reliéspar une certaine unité de signification.
b)Les étapes du récit
·Vers 1 : mise en place du cadre, un décor hostile.
Le premier vers du poème place le narrateur au centre du poème (« autour de moi ») et décrit le cadre de l’action, en mettant l’accent sur le bruit de la rue (« assourdissante », « hurlait »). Le vers comporte des insistances phonétiques : allitération en /r/ (4), assonances en /u/et /ou/ qui imitent par leur dureté (/r/) leur stridence (/u/) ou leur gravité (/ou/) l’atmosphère sonore agressive de la rue. L’effet est amplifié par le double hiatus symétrique du début et de la fin du vers : « rue-assourdissante » (hiatus /u-a/) et « autour de moi-hurlait » (hiatus /a-u/). L’hiatus, qui rend la phrase difficile à articuler, a toujours pour effet d’amplifier la rugosité d’unvers. Tous ces effets convergent pour exprimer le décor hostile de la rue.
·Vers 6-8 : La fascination du narrateur.
Le récit nous fait passer de la femme à l’homme qui la regarde. Le vers 6 note la paralysie du narrateur (« crispé comme un extravagant ») sous l’effet de la fascination. La fascination est évoquée par les verbes « boire », synonyme de sentir avec avidité, ou encore leverbe « fascine » : l’homme dévisage la femme dont il admire la beauté, s’absorbe avidement dans sa contemplation.
·Vers 9 : C’est un vers de transition entre la partie rencontre et la partie méditation.
Le vers résume d’un mot, « un éclair », l’expérience fulgurante que vient de faire le narrateur, l’illumination, la révélation qui a accompagné un simple échange de regards. Opposé au précédent, le mot« nuit » exprime la déception de la perte, la disparition de la passante, le retour brutal au réel après le rêve. La ponctuation particulière du vers renforce le sens de ces deux mots. Après « un éclair », les points de suspension marquent une sorte d’ellipse : quelque chose s’est produit, qu’on ne raconte pas, mais qu’on laisse au lecteur le temps de deviner : le trajet intérieur de la sensation, larépercussion intérieure du regard échangé. Après « puis la nuit », le point d’exclamation dramatise la brutalité du retour au monde réel. Enfin, le tiret sépare le récit du début de la méditation, et marque peut-être aussi le début d’un passage « dialogué », d’un discours rapporté en style direct.
·Vers 9-12 : Les regrets.
Expression de la déception du poète, après une perte qu’il devine définitive(« Jamais peut-être »)
· Vers 13-14 : L’expression d’une affinité particulière entre Elle et Lui.
Les deux derniers vers donnent à la rencontre le sens d’une véritable rencontre amoureuse. Ils étaient faits l’un pour l’autre. Tous deux en ont eu la révélation simultanée (v.14). Le jeu des pronoms personnels renforce cette affirmation d’une réciprocité, d’un destin commun : le chiasme« j’-tu/tu-je » du vers 13 ; l’anaphore « Ô toi que j’ … : Ô toi qui … » du vers 14.

II- AXE : LES SIGNIFICATIONS SYMBOLIQUES DU THEME DE LA PASSANTE.
a) L’image ambivalente de la Femme : à la fois attirante et effrayante.
· Le portrait physique : élégance aristocratique et beauté sculpturale.
La description de la passante insiste sur son élégance : son allure générale est « majestueuse » ; le…