Littérature subversive à la renaissance
Littérature subversive à la Renaissance
De nos jours, les sociétés démocratiques offrent aux citoyens divers moyens afin d’exprimer leurs opinions. Dénoncer une injustice ou contester les abus d’une institution, par le billet des nouveaux médias, accessibles à tous, se fait beaucoup plus aisément et librement aujourd’hui que dans un contexte totalitaire ou monarchique ou règnent censure etrépression.
Ainsi, il n’est pas étonnant que la plupart des auteurs, tout au long de la Renaissance aient été contraints de suivre des modèles précis leur imposant bon goût et respect envers les dirigeants. Il faut noter que cette censure, sévissant à différents degrés selon les périodes, est, la plupart du temps, appliquée par des institutions religieuses très influentes tel que le collège dethéologie de la Sorbonne, ou mieux encore, par un corps de censeurs royaux, et est donc, très difficile à éviter. Cependant, quelques braves auteurs ont décidé de détourner ces règles en parodiant et critiquant, plus ou moins ouvertement, et en utilisant divers subterfuges, le pouvoir en place et les mœurs de leur époque, jugés abusifs ou simplement désuets. C’est le cas, entre autre, de Rabelais, armé deses valeureux géants Gargantua et Pantagruel, et de Voltaire, imaginant un Zadig humble et vertueux, qui ont inscrit dans la littérature de leur époque respective, des écrits d’une teneur subversive surprenante. Ainsi, il sera pertinent de se demander comment ces œuvres contestent les institutions sclérosées de leur temps et, en contrepartie, quelles solutions elles proposent.
Pour ce faire, jevais d’abord aborder les différents genres exploités dans ces œuvres et la manière dont ils sont parodiés ou utilisés comme véhicule d’une idéologie, pour ensuite traiter de la notion de carnavalesque et terminer avec les solutions proposées, dans ces trois œuvres, aux problèmes qu’elles dénoncent.
En premier lieu, les œuvres dont il est question ici, par leur habile mélange des genres, nes’arrêtent pas à décrire une réalité univoque et recèlent plutôt d’une lecture à plusieurs niveaux, chaque genre apportant au récit une voix bien distincte. Par le choix de ces différents genres, que les auteurs ont soient parodiés, assumés, ou placé en opposition avec un autre au sein même de l’œuvre, ils se positionnent par rapport aux canons de la littérature de leur temps.
Tout d’abord, pource qui est de Rabelais, nous avons affaire avec Pantagruel et Gargantua à ce qui pourrait être les tous premiers romans véritablement modernes, du fait de leur équivocité et leur polymorphisme. Ces romans explorent à peu près tous les genres littéraires ayant cours au Moyen-âge, intégrant farces et comiques de tout acabit, poésie, et traités didactiques, dans le cadre, ici très malléable, du romande chevalerie. Ce dernier genre, épousant traditionnellement des valeurs courtoises associées à la noblesse, est parodié par l’intégration de différents genres considérés bas ou populaires, désamorçant ainsi l’idéologie qu’il véhicule habituellement. (exemple Gargantua, 2eme, exagération) Le mélange avec des genres plus savants, souvent lié au courant humaniste, vient en contrepartie contrasteravec l’obscurantisme ayant cours au Moyen-âge, en apportant une masse de Savoir et de Raison à l’œuvre. Pour donner un autre exemple de genre parodier à l’intérieur de l’œuvre, le rondeau, forme poétique habituellement raffinée, se retrouve travestie par le personnage de Panurge dans Pantagruel (p211), alors qu’il y glisse une référence à son sexe (par l’utilisation à double sens du mot cas (termejuridique, mais utilisé autrement par Rabelais) et par le mot maquerelle, qui désigne une putain.) Tout de même, pour un lecteur contemporain, pouvoir totalement discerner ce qui est parodié et ce qui ne l’est pas relève d’une tâche, pour tomber dans un lamentable cliché ici, gargantuesque, tellement ces romans sont construits en fragments de genres et de discours contradictoires.
Ensuite,…