Candide etape du voyage
CANDIDE
Ce conte fonctionne en effet en grande partie comme un roman d’initiation ou un roman d’apprentissage. C’est par l’expérience qu’un humain se construit (V. les théories de Locke à l’époque, connues de Voltaire) et l’ensemble du conte qui va de la naissance à la vieillesse de Candide, est l’histoire d’une succession de voyages dans des pays choisis à dessein (il ne voyage ni en Inde,ni en Chine, ni dans les colonies anglaises d’Amérique du nord, par exemple). S’il rencontre surtout des malheurs et des catastrophes, c’est que l’homme est un loup pour l’homme (Hobbes) et que, sorti du cadre protecteur de l’enfance et de la famille, il doit sans arrêt affronter un monde hostile et sans pitié. C’est donc à une leçon de réalisme et de pragmatisme que Voltaire conduit son lecteur.Mais il ne s’agit pas de sombrer dans le pessimisme outrancier, voire une misanthropie conduisant au repli sur soi. La morale du jardin invite plutôt au travail patient et courageux dans l’ombre au besoin pour rendre la vie supportable. La vie selon des critères humanistes est donc possible et souhaitable, à condition de retrousser ses manches…L’enjeu du voyage est essentiel dans « Candide » sousl’angle de la recherche du meilleur endroit possible pour bien vivre sur la terre. Candide y consacre l’essentiel de sa vie jusqu’à la découverte de la Propontide qui lui parait la contrée la moins repoussante et la plus agréable, comparée à tous les autres pays qu’il a connus. Le climat y est doux, la vue magnifique et fruits et légumes y poussent bien. Les autres pays sont rendus invivables parle fanatisme et l’arrogance sectaire de leurs habitants. En Angleterre on tue les amiraux vaincus, en France on vole, on escroque, on ment et on persécute: quand Candide réussit à quitter ce pays, il croit être délivré de l’enfer! La description faite de la vie parisienne et de sa cohue est toujours valable aujourd’hui à mon avis…A noter l’importance majeure de la visite de l’Eldorado quisymbolise le pays idéal, utopique. Ce pays est également insupportable, car il ne s’y passe rien (arrêt de l’histoire) et les habitants sont empêchés de partir comme dans un pays communiste! Cela ressemble donc à un vaste camp de concentration dont Candide se tire parce qu’il est étranger: profonde leçon anticipatrice des dictatures du XXème siècle. Au cours de chacun de ses voyages, Candide al’occasion d’expérimenter les conditions de vie dans différents pays, avec différentes religions (toutes sectaires et criminelles, haïssant les croyances des autres), différentes idéologies, dirions-nous aujourd’hui. Le pays idéal n’existe pas et il faut s’accommoder des moins mauvaises conditions que l’on peut rencontrer, si l’on a le choix.
– le dernier chapitre a lieu indubitablement en Propontide:le jardin dont il s’agit est celui de la métairie que Candide a pu acheter et garder. Cacambo va vendre des légumes à Contantinople qui est tout près, ainsi que le bon vieillard qui suggère à Candide la solution à ses problèmes.- L’Eldorado est effectivement insupportable parce qu’il ne s’y passe rien et surtout parce que Cunégonde, son pur amour de jeunesse, sa passion, n’y est pas! On peut yvoir là une des grandes leçons du conte: les humains sont mus par leurs passions, ce sont elles qui font le sel de la vie, le moteur de nos actions et qui nous rendent beaux. Malgré tout, il faut savoir les contenir au maximum, si l’on veut garder un restant de libre arbitre (c’est le siècle de la raison, il ne faut pas l’oublier). Cela amène à parler de Cunégonde. Elle constitue le fil conducteurdu récit et la motivation de Candide en quelque sorte. Ce n’est pas directement ton sujet, mais la question des rapports amoureux et même celle de la sexualité tiennent une grande place dans le conte où elles sont traitées de manière pessimiste: ce sont des ingrédients illusoires et comme négatifs (vérole, Cunégonde enfin « possédée », mais devenue laide et acariâtre…)- La question de la…