Jacques marseille-empire colonial
FICHE DE LECTURE “ EMPIRE COLONIAL ET CAPITALISME FRANÇAIS… ”, de Jacques Marseille.
QUELQUES MOTS SUR L’AUTEUR… Né en 1945, Jacques Marseille est agrégé d’histoire et docteur ès lettres. Ses activités vont d’un poste de professeur à l’université Paris I et Paris VIII, où il enseigne l’histoire économique, à celui de membre du jury d’H.E.C. Il est enfin président de l’A.D.H.E. (Associationpour le Développement de l’Histoire Economique). Empire colonial et capitalisme français est une version allégée de la thèse de doctorat qu’il a soutenue à la Sorbonne en mai 1984. AUTRES OEUVRES – Vive la crise et l’inflation ! (avec Alain Plessis), C’est beau la France, Les performances des entreprises françaises au XXème siècle… RESUME DE L’OUVRAGE Dans les années 1950, la France s’estséparée de son empire colonial, qui représentait pourtant plus du tiers de ses échanges commerciaux, et la quasi-totalité de ses investissements extérieurs. Néanmoins, la croissance française ne semble pas avoir été grandement affectée par ce bouleversement. Ce constat paradoxal soulève plusieurs questions. La colonisation a-t-elle vraiment été profitable à la France ? L’empire colonial fut-il pour lecapitalisme français un moteur, ou plutôt un frein ? Avant toute chose, il faut déjà discerner le vrai du faux dans le bilan colonial de la France. Marseille souligne d’abord les inconvénients de l’approche historique classique de la colonisation, trop concentrée sur des aspects politiques. Elle est aussi critiquable parce qu’elle insiste sur le faible poids des empires coloniaux dans le commerce etles investissements métropolitains avant 1914 , et néglige totalement le rôle croissant qu’ont joué les empires après la première Guerre mondiale. L’approche marxiste-léniniste se montre relativement plus adéquate. Elle propose d’autres explications du phénomène impérialiste, et met notamment en cause le capital financier, c’est-à-dire la concentration croissante des entreprises, qui finit pardonner aux banques un poids prédominant. Ce stade suprême du capitalisme étant atteint, Hilferding estimait qu’il n’y avait plus qu’à obtenir de nouveaux débouchés pour stimuler la demande et retrouver la prospérité. Plus généralement, les auteurs marxistes soutiennent que la mauvaise distribution du pouvoir d’achat dans la société crée la sous-consommation, poussant ainsi les entreprises à étendreleur domination, surtout sur des pays sous-développés où les profits à réaliser sont plus élevés. Mais à trop souligner le poids commercial et financier croissant de l’empire, on oublie que sa perte n’a pas eu de conséquences néfastes. Au contraire, la métropole a connu à cette époque un dynamisme et une croissance sans précédents. Comment expliquer ce contraste ? L’empire était un partenairecommercial essentiel : cela semble acquis au vu des chiffres. En 1952, la zone franc absorbe plus de 42 % des exportations de la métropole. Dès 1902, l’empire devient le second partenaire commercial de la France, avant de devenir son premier partenaire de 1928 jusqu’à la décolonisation. L’empire est, il est vrai, un partenaire de choix, ses relations avec la métropole étant stables (et pour cause !).Il joue même un rôle d’amortisseur pour le commerce métropolitain, lorsque la conjoncture devient plus difficile. Les pourcentages globaux soulignent le poids de l’empire pour le capitalisme français, mais masquent les écarts existant entre ses diverses branches. Ainsi, en 1906, les exportations vers l’empire ne représentaient que 11 % du total des exportations françaises ; mais pour les tisseursde coton, l’empire représentait la même année près
de 85 % de leurs exportations. De même, la métropole ne réalise que 9 % de ses importations en provenance de l’empire, mais en importe la quasi-totalité de ses matières premières agricoles et de ses phosphates. Le poids du débouché colonial pour certaines branches de l’économie française semble donc considérable. Mais son expansion ne…