La culture dénature t-elle l’homme?
La culture désigne au sens large tout ce que l’homme acquiert par l’intermédiaire d’un groupe social déterminé, tout ce qui est transmis par le langage, les coutumes, l’éducation et même -de manière implicite- les gestes, les attitudes ou les règles de comportement. Il est très difficile chez l’homme de déterminer qu’elle part revient à cette culture acquise et qu’elle part appartient à unenature innée, une hérédité aux contours mal définis. Dire que la culture dénature l’homme, c’est en effet supposer une nature première, une essence de homme qui le distinguerait des autres êtres de la nature. Le mot nature signifie soit ce qui précède toute intervention humaine dans le monde, soit les caractéristiques communes à tous les hommes, soit l’essence, l’identité spécifique à un individu. Dansl’opposition nature et culture, l’enjeu est de savoir s’il existe un passage de l’un à l’autre ou bien si l’état de nature est une fiction qui permet aux hommes de déplorer un idéal qu’ils n’ont peut-être jamais connu mais qui serait comme le négatif de la condition humaine. En ce sens, le mot « dénaturer »signifie un processus qui consiste à arracher à l’homme quelque chose qu’il possède enpropre, de manière constitutive. Reste alors à se demander s’il s’agit d’un aspect péjoratif comme l’animalité ou la force des passions, la violence que l’homme partage avec les autres êtres de la nature ou si la culture enlève à l’homme une « bonne » nature, c’est-à-dire le corrompt, le détourne de cette innocence première dont certains ont pu faire à regret l’apologie. Dans les deux sens du motdénaturer, il s’agit bien de penser un processus, une histoire qui fait que l’homme se constitue progressivement en faveur d’héritages, de transmissions, d’échanges entre personnes, groupes ou sociétés. Cela signifie que la frontière entre le naturel et le culturel n’est pas établie et que le propre de l’homme, sa nature, est de ne pas en avoir.
Plan possible :
L’opposition nature et cultureLes définitions
La culture c’est tout ce qui appartient à un héritage, tout ce qui s’acquiert par l’intermédiaire d’un apprentissage, d’une éducation. La transmission se fait soit au sein d’un groupe par l’intermédiaire du langage. Ex. L’art, la religion, la cuisine, les techniques, le droit, les règles de politesse…
La nature c’est tout ce qui est inné et se transmet comme hérédité biologique.Ex. La détermination génétique. On parle d’une nature humaine au singulier comme le seul facteur déterminant d’existences tellement diverses dans l’espace et le temps.
Une dénaturation
L’opposition étant établie par les définitions, il faut étudier le sens du mot « dénaturer ». Il suppose dans tous les cas un changement de nature, un arrachement ou une contradiction par rapport à un étatpremier. Or cet état de nature est soit « bon », c’est pour l’homme un état d’innocence, de bonheur relativement à cette origine bienfaisante , cette mère nourricière appelée Nature. Ce premier sens est illustré par des mythes, des légendes, des représentations (« le bon sauvage », « l’âge d’or », « le paradis… ») qui eux, paradoxalement sont transmis par la culture. Le deuxième sens de ladénaturation comprendrait la nature comme foncièrement mauvaise pour l’homme, hostile, violente, il devrait recourir à la ruse comme dans le mythe de Prométhée (Platon, Protagoras) pour s’en détacher et s’en rendre comme « maitre et possesseur » selon la formule de Descartes.
La perfectibilité
Rousseau tranche le débat entre un homme à l’état de nature bon, innocent et heureux qu’il utilise dans lediscours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes comme une fiction méthodologique, et l’homme violent, « loup pour l’homme » de son adversaire Hobbes. Pour Rousseau l’homme n’est ni bon ni mauvais par nature, il est perfectible ; voilà le sens que l’on pourrait donner à cette dénaturation. L’homme est inachevé, il est donc capable du meilleur comme du pire. Dénaturer n’a pas…