Les personnages de roman
Lorsque vous demandez à un lecteur ce qu’il pense de tel ou tel personnage, il en parlera comme d’une personne réelle: « Ah, je l’adore ! , « Mouais… Je le trouve assez mou, quand même », « Je ne l’aime pas, j’ai laissé tomber », » J’ai beaucoup d’admiration pour lui », « Il est intriguant « , « Un vrai monstre ! » Le lecteur n’est pas idiot, il ne confond pas fiction et réalité mais, le temps de lalecture, le personnage devient bel et bien réel. Il se met à exister comme une personne du monde réel, suscitant chez le lecteur toute une palette de réactions allant de l’identification pure et simple au rejet sans appel, en passant par l’intérêt, la fascination, l’affection (voire l’amour), la curiosité, etc. Un personnage qui ne réussit pas à passer la barre subtile entre le réel et l’imaginaireest un exécrable personnage. Le lecteur n’éprouvera rien envers lui, il lui restera parfaitement étranger et, s’il accepte malgré tout de le suivre, ce sera avec un œil froid et indifférent. L’humain ne va qu’à l’humain, et c’est pourquoi les romanciers prennent bien soin de les doter de sentiments, de désirs et d’attentes on ne peut plus humains. Ils en font fait un être pensant, proche d’unepersonne réelle. Mamans, papas et enfants humains seront infiniment plus réceptifs aux aléas de la vie d’une famille de manchots si celle-ci est composée d’une maman, d’un papa et d’enfants dont les réactions, les comportements et les préoccupations sont présentés comme étant identiques aux leurs. Comme dans le roman L’Ecume des jours, Boris Vian donne à Colin tout les traits de caractères d’unepersonne, comme l’amour, la générosité (l’achat, jusqu’à se ruiner, de fleurs censées absorber l’eau des poumons de Chloé), la créativité (avec le pianocktail)
Un bon personnage de roman est un personnage qui suscite chez le lecteur les mêmes réactions, et appelle les mêmes commentaires, qu’une personne réelle. Il doit être réaliste, convainquant, authentique. Si, par un coup de baguettemagique, il venait à la vie, ce serait certes une personne très étonnante, voire inquiétante, mais tout à fait possible et crédible. Les auteurs parlent souvent de leurs personnages comme s’ils existaient vraiment, comme des gens avec lesquels ils auraient été forcés de cohabiter pendant un temps plus ou moins long, contraints de supporter leur caractère, leurs manies, leurs bavardages.
Dans un grandnombre de cas, les sentiments attribués à ces personnages sont propres à ceux attribués à n’importe quel être vivant. Comme la passion et l’addiction qu’éprouve Le chevalier Des Grieux pour Manon Lescaut.
Les sentiments ne sont pas les seuls similitudes entre ces personnages de roman et des êtres réels. En effet, leur caractéristique physique font aussi en sorte que l’on se méprennent entre lafiction et la réalité. Les descriptions effectuées sont si précises que l’on ne peut pas croire à un être fictif comme celle du personnage de Vautrin dans Le Père Goriot de Balzac « il avait les épaules larges, le buste bien développé, des muscles apparents, des mains épaisses, carrées et fortement marquées aux phalanges par des bouquets de poils touffus et d’un roux ardent. Sa figure rayée par desrides prématurées offraient des signes de dureté. » Une telle description ne peut être celle d’un personnage irréel.
Enfin, une description détaillé d’un personnage de roman ne serait pas complète et crédible si son statut social n’y était pas cité. Son statut dans la société crédibilise le personnage du roman en lui donnant un rôle et une fonction comme dans Les misérables de Victor Hugo «Qu’étaient ce que les Thénardier ? Ces êtres appartenaient à cette classe batarde composée de gens grossiers parvenus et des gens intelligents déchus, qui est entre la classe dite moyenne et le classe dite inférieure, et qui combine quelques-uns des défauts de la seconde avec presque tous les vices de la première, sans avoir le généreux élan de l’ouvrier ni l’ordre honnête de bourgeois. » En…