Freud
Les biographes de Freud [modifier]
L’histoire de la vie de Freud et de la création de la psychanalyse[Freud 1], a fait l’objet de centaines d’articles et de quelques dizaines de biographies, dont la plus connue est la monumentale biographie consacrée par Ernest Jones, proche contemporain de Freud, qui est devenue une référence incontournable bien que critiquée pour ses aspectshagiographiques[3]. Le premier biographe fut cependant Fritz Wittels, qui publie en 1924 Freud. L’homme, la doctrine, l’école. L’écrivain Stefan Zweig a lui aussi écrit une biographie enthousiaste de son ami Freud[F 1]. Selon Elisabeth Roudinesco, historienne lacanienne de la psychanalyse, c’est sans doute Stefan Zweig qui brosse le portrait de Freud le plus réaliste[4]. Le médecin de Freud, Max Schur, a égalementnarré le rapport de Freud à la mort et à la maladie qui devait l’emporter en 1939[5]. De nombreux contemporains de Freud lui ont également consacré une biographie, souvent hagiographique tels Lou Andreas-Salomé, Thomas Mann, Siegfried Bernfield, Ola Andersson, Kurt Robert Eissler, Carl Schorske. Didier Anzieu a, lui, publié une biographie très détaillée de l’auto-analyse de Freud et du processuscréatif qui en a découlé[6]. Marthe Robert est l’auteur d’une biographie davantage littéraire[7]. Plus récemment, c’est Henri F. Ellenberger qui a consacré une partie de son livre à Freud en enquêtant notamment sur le devenir de certains des patients de Joseph Breuer et de Freud dans Histoire de la découverte de l’inconscient. Frank Sulloway de son côté a développé une thèse qui soutient qu’avec lapsychanalyse, Freud a produit un modèle « cryptobiologique »[8]. Ces dernières années des ouvrages plus polémiques, parfois sous forme de réquisitoires ont été édités, notamment celui de Mikkel Borch-Jacobsen et Sonu Shamdasani, ou de Bénesteau entre autres. Alain de Mijolla, enfin, a publié un écrit sur Freud et la France[9] qui analyse les relations complexes entre Freud, la psychanalyse et laFrance jusqu’en 1945.
Enfance et études (1856-1882) [modifier]
Sigmund Freud naît le 6 mai 1856 à Freiberg en Moravie, dans l’Empire austro-hongrois. Les antécédents familiaux des Freud, famille originaire de Galicie[B 1] sont cependant peu connus[D 1]. Troisième fils de Kalamon Jakob Freud, modeste négociant, certainement marchand de laine[D 2] et d’Amalia Nathanson (1836-1931), il est lepremier enfant de son dernier mariage[Notes 1]. Freud est l’aîné de sa fratrie, composée de cinq sœurs (Anna, Rosa, Mitzi, Dolfi et Paula) et d’un frère, Alexander[B 2].
La maison natale de Freud, à P?íbor.Selon Henri F. Ellenberger, « la vie de Freud offre l’exemple d’une ascension sociale progressive depuis la classe moyenne inférieure jusqu’à la plus haute bourgeoisie »[D 3]. La familleFreud suit ainsi la tendance à l’assimilation qui est celle de la plupart des Juifs de Vienne[D 4] ; en effet le jeune Sigmund n’est pas élevé dans le strict respect de l’orthodoxie juive. Bien que circoncis à la naissance, son éducation n’est pas traditionaliste et est ouverte à la philosophie des Lumières. Il ne parle que l’allemand et un dialecte mêlé d’hébreu alors couramment employé dans lacommunauté sépharade de Vienne[D 5] mais la langue sacrée du Judaïsme lui demeure inconnue.
Il passe à Freiberg ses trois premières années puis les Freud s’installent à Leipzig pour s’établir définitivement en février 1860 ensuite dans le quartier juif de Vienne, ancien ghetto de la capitale autrichienne. Freud y réside jusqu’à son exil forcé, après l’invasion nazie de 1938[D 6]. De 1860 à 1865,son père change toutefois à plusieurs reprises d’appartements, pour s’installer enfin dans la Pfeffergasse, dans le quartier juif de Leopoldstadt[D 7].
Le jeune Sigmund fréquente les écoles élémentaires juives du voisinage, puis, de 1866 à 1873, l’école secondaire. Brillant élève, il est le premier de sa classe pendant ses sept dernières années de scolarité secondaire au lycée communal…