Le désir
Désir
Le désir est la recherche de la réduction d’une tension issue d’un sentiment de manque et en ce sens on ne désire que ce dont on manque. Quand on a trouvé des objets ou des buts considéré comme une source de satisfaction, on va tendre vers eux. Le désir est tantôt considéré positivement puisque l’on considère l’objet désiré comme source de plaisir ou de contentement, voire de bonheur,tantôt considéré négativement comme une source de souffrance, une forme d’insatisfaction.
D’un point de vue psychologique, le désir est une tendance devenue consciente d’elle-même, qui s’accompagne de la représentation du but à atteindre et souvent d’une volonté de mettre en œuvre des moyens d’atteindre ce but. Le désir est à distinguer du besoin, qui renvoie au manque et à ce qui est utile pourle combler, et de la nécessité qui peut être impersonnelle voire logique.
Désirs naturels
Les philosophes, depuis les origines de la philosophie, se sont demandé quelle place faire aux désirs. Les réponses sont très variées. Dans le Phédon, Platon expose l’idée d’une vie ascétique où l’homme doit lutter contre les turbulences de son corps ; les Cyrénaïques, au contraire, font de lasatisfaction de tous les désirs le bien suprême. Toutes ces réflexions ont conduit à de nombreuses distinctions, comme on le voit par exemple chez Épicure.
La classification des désirs
La morale épicurienne est une morale qui fait du plaisir le bien, et de la douleur le mal. Pour atteindre le bonheur (l’ataraxie), l’épicurien suit les règles du quadruple remède, appelé le « Tétrapharmakos » :
lesdieux ne sont pas à craindre ;
la mort n’est pas à craindre ;
la douleur est facile à supprimer ;
le bonheur est facile à atteindre.
C’est en vue de ce dernier qu’il faut plus particulièrement penser le désir. Épicure classe ainsi les désirs :
Classification des désirs selon Épicure Désirs naturels Désirs non naturels
Nécessaires Simplement naturels Artificiels Irréalisables
Pour lebonheur (ataraxie) Pour la tranquillité du corps (protection) Pour la vie (nourriture, sommeil) Variation des plaisirs, recherche de l’agréable Ex : richesse, gloire Ex : désir d’immortalité
Cette classification n’est pas séparable d’un art de vivre, où les désirs sont l’objet d’un calcul en vue d’atteindre le bonheur.
Selon Épicure « Parmi les désirs naturels, les uns sont nécessaires pour lebonheur les autres pour le fait de vivre. »
Il existe également six grands désirs qui animent les Hommes et correspondent en même temps à six des sept péchés capitaux répertoriés par la religion chrétienne :
Désir de nourriture : la gourmandise
Désir de la chair : la luxure, concupiscence
Désir de l’argent : la cupidité
Désir du pouvoir : l’ambition
Désir des honneurs : l’orgueil
Pourcompléter la gamme, il faut également citer le désir spirituel ou le désir de vérité : le désir de se dépasser, d’aller de l’avant, le désir de connaître, lié au plaisir de chercher et de trouver, au plaisir extatique de la transcendance, du dépassement de soi.
Le calcul des plaisirs
Pour Épicure, le calcul (ou « arithmétique ») des désirs s’oppose à la fois à l’ascétisme, où l’on se contented’une vie frugale pour respecter une loi morale, et à la débauche, qui entraîne des souffrances du corps et des troubles de l’âme.
En général, le plaisir est nécessaire au bonheur, et on le recherche tout en fuyant la douleur. Dans certains cas toutefois, nous traitons le bien comme un mal, car il faut fuir un plaisir léger qui aurait pour conséquence une douleur. Par exemple, pour le corps, boirede l’alcool est agréable, mais peut entraîner la déchéance physique ; et pour l’âme, l’amour est la suppression d’un manque, mais peut entraîner la douleur du fait qu’une union parfaite est impossible (voir le mythe des androgynes raconté par Aristophane dans Le Banquet, IV, de Platon et ci-dessous « Métaphysique platonicienne du Désir »).
Dans d’autres cas, nous acceptons la douleur si elle…