Présenter une chanson engagée
– Présenter le chanteur, la chanteuse, le groupe
– Présenter la chanson :
– De quel album est-elle extraite ?
– Quel est le thème de cette chanson ?
– Dans quel contexte historique, géographique, politique…s’inscrit-elle ?
– Que comprenez-vous de ce texte ?
– En quoi, selon vous, est-ce unechanson engagée ?
– Quels moyens utilise le chanteur pour faire passer son message ?
– Pouvez-vous proposez d’autres oeuvre (poésie, romans, tableaux, chansons, film…) qui s’engagent sur le même sujet ?
Merci de me répondre…
Il n’y eut jamais d’entreprise plus charitable que de soigner les souffrants. Les autres sciences sont nées de la « volontéde savoir » ; la médecine sort tout droit de la volonté de servir : pitié envers les hommes, presque aussi vieille qu’eux.
Le souci des autres lui compose une nature double, où l’élan de compassion se combine à l’étude objective du corps.
Quoique n’offrant entre eux nulle ressemblance, les deux éléments sont nécessairement mêlés. Sans l’habileté technique,pas de bienfait concevable, la pitié ne suffisant pas à guérir, et sans révolte contre la douleur, pas de médecine, puisque
les états morbides n’inspireraient qu’indifférence ou dégoût à ceux qui se borneraient à les observer.
Il y a donc en elle de la contradiction. Elle est du côté de la pure science, quand elle constate les phénomènes, les
analyse, les reproduit expérimentalement, les traduit en un langage explicatif. Mais devant eux, elle explose aussi decolère. Pourquoi le mal ? Pourquoi la souffrance ? Elle ne peut, par charité, accepter ce que, par science, elle ne cesse
d’approfondir. Elle est donc à la fois la raison qui rend compte de ce qu’elle observe et la passion qui se scandalise de la
normalité reconnue aux maladies.
Tantôt grecque, tantôt juive, suivant qu’elle use d’objectivité ou se raidit dans la protestation. Les Grecs avaient en effetmis de la complicité entre la nature et la médecine. Ils affirmaient que la première partageait les desseins de la seconde,
étant ellemême éprise d’harmonie. Dotée d’un pouvoir régulateur, elle fournissait au corps malade les armes de sa lutte,
et le médecin ne faisait que lui prêter mainforte « L’art imite la nature », d’après Aristote. Sereine appréciation lesmaladies et pas seulement les malades avaient envie de guérir.
Chez les Juifs, la nature perdait son souci du beau. Elle infligeait les plus horribles disgrâces en y mettant un malin
plaisir : le démon tirait les ficelles, le péché expliquait les dégâts subis par la chair, corruptible aux deux sens du mot.
Notre nature physique y laissa son renom de bienfaisance. Même aujourd’hui où, laïcisée, la médecine ne perçoit plusdans le mystère des maladies le relent des diables ou des dieux, elle dénonce une légitimité qu’elle juge tout aussi
inacceptable : le normal et le pathologique font partie des événements réguliers d’une matière vivante, parfaitement
insensible aux incommodités qu’elle provoque. Seul le médecin fait de la santé une norme.Son art est à la nature ce que le devoir être est à l’être, l’idéal de perfection au registre médiocre ou tragique de la réalité :
une distance considérable les sépare. A l’indifférence de la vie, la médecine oppose son amour de la vie. Elle entend
soumettre à sa loi ces désordres qui sont pourtant dans l’ordre des choses, et imposer le préférable au naturel. Aussi
cherchetelle à augmenter sa puissance sur les faits et inventetelle des instruments pour l’exercer. Combinant laconnaissance « à la révolte, elle sert son parti pris d’humanité et change son étude en combat : Ce qui est naturel, c’est le
microbe ; le reste, la santé, l’intégrité, la pureté, c’est un effet de la volonté et d’une volonté qui ne doit jamais s’arrêter ».
Ainsi s’exprime le médecin qui, dans le roman de Camus, engage avec la peste une lutte désespérée….