Bossuet, la monarchie absolue de droit divin

novembre 15, 2018 Non Par admin

« Quelque chose de religieux dans le respect qu’on rend au Prince, le service de Dieu et le respect pour le roi sont choses unies (…) Aussi Dieu a-t-il mis dans les princes quelque chose de divin. » Dans cette citation, Jacques Bénigne Bossuet va plus loin que Jean Bodin avec son concept de monarchie absolue en mettant en place la notion de « monarchie absolue de droit divin », notion qui prendtout son sens dans le règne de Louis XIV.
Jacques Bénigne Bossuet (1627-1704) est un personnage religieux important du royaume puisque successivement diacre, archi diacre, évêque et prédicateur (répand la parole divine).
En 1682, il établira une déclaration relative aux libertés de l’Eglise gallicane (qui deviendra une loi de l’Etat) qui fixe les pouvoirs du pape suite aux démêlés entre le roiet le pape.
Dans l’extrait qui nous est présenté issu d’un ouvrage politique « Politique tirée des propres paroles de l’Ecriture Sainte. » (1709), Jacques Bénigne Bossuet parle du prince et non du roi. Il faut alors se demander si l’extrait qui nous est présenté s’adresse au roi ou au prince. Jacques Bénigne Bossuet fut précepteur du Dauphin Louis de France de 1670 à 1680, on peut donc considérerque cet extrait s’adresse au prince en tant que futur roi (d’où la notion de prince) mais Jacques Bénigne Bossuet ne tend certainement pas à limiter cet ouvrage au simple futur roi mais également au roi lui-même puisqu’il est chargé, en tant que précepteur de préparer le dauphin à son rôle de futur roi.

Dans cet ouvrage posthume, l’auteur tend à établir une alliance indissociable entre le trôneet l’autel, base de la monarchie absolue de droit divin, il est alors intéressant de se demander comment ce dernier définit cette notion.

En premier lieu, Jacques Bénigne Bossuet place le roi en monarque absolu, garant du bon ordre du royaume (I), en second lieu, il établit la place de Dieu par rapport au roi, en effet, le monarque choisi par Dieu étend son autorité à tous le royaume mais doitrendre des comptes à ce dernier (II).

I/ Un monarque absolu garant du bon ordre du royaume.

Jacques Bénigne Bossuet définit le roi comme un personnage public sacré à l’égal de Dieu (A) dont la puissance ordonne le bon ordre du royaume (B).

A/ Un personnage public sacré, à l’égal de Dieu.

« Le prince en tant que prince, n’est pas regardé comme un homme particulier, c’est unpersonnage public » L’auteur définit ainsi le prince, et à travers lui le roi, comme une personne sacrée, une figure royale. En effet, il sépare le roi en tant que personne, du roi en tant que roi par sa fonction. Par sa fonction, il n’est plus un homme particulier mais un être sacré. Il tend ainsi à le séparé de ses sujets et des simples mortels.
C’est en fait la royauté qui est absolue et divinisée etnon le roi en tant que personne.

Le roi est ainsi capable de renfermer « toute la volonté du peuple (…) dans la sienne », à l’égal de Dieu qui tient toute la volonté du monde, « tout l’Etat est en lui ». Le roi est placé en monarque absolu. L’Etat doit s’entendre comme la réunion du Clergé, du tiers Etat et de la noblesse.
« Comme en Dieu est réunie toute perfection et toute vertu, ainsitoute la puissance des particuliers est réunie en la personne du roi ». Jacques Bénigne Bossuet place le roi à l’égal de Dieu comme capable de faire preuve d’assez de vertu et de perfection pour privilégier le commun profit (utilité publique) par rapport à ses propres intérêts.
Louis XIV écartera progressivement le parlement, le clergé et la noblesse pour mettre en place cette monarchie absolue dedroit divin, dans cet extrait, l’auteur tend à écarter l’Eglise, dernière limite à la puissance royale.
Cette puissance divine doit, pour ce dernier, ne servir que le royaume et permettre le bon ordre de ce dernier.

B/Une puissance royale et divine garante du bon ordre du royaume.

Jacques Bénigne Bossuet est marqué par une période de troubles et de guerre civile appelée la Fronde…