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août 28, 2018 Non Par admin

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Quelques aspects historiques de la notion de réseau par Daniel PARROCHIA
| Métropolis | Flux 2005/4 – N° 62
ISSN 1154-2721 | pages 10 à 20

Pour citer cet article : — Parrochia D., Quelques aspects historiques de la notion de réseau, Flux 2005/4,N° 62, p. 10-20.

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Flux n° 62 Octobre – Décembre 2005 pp. 10-20

Quelques aspects historiques de la notion de réseauDaniel Parrochia

Notre ambition, dans cet article, est tout à fait modeste. Il s’agit de présenter, comme notre titre l’indique, quelques aspects historiques de la notion de réseau. Cette entreprise n’est pas la première du genre. Nous avons, naguère, en un temps où la notion de réseau était moins en vogue qu’aujourd’hui, contribué à mettre cette histoire en lumière (1). Depuis, Pierre Mussoa, à plusieurs reprises, développé une critique très utile des représentations auxquelles elle a donné lieu (2). Toutefois, comme Hegel l’a montré, des représentations de concepts ne sont pas des concepts, c’est pourquoi la mythologie, l’art, la religion, ne sont pas des moyens adéquats pour l’expression de la pensée (3). De plus, nous entendons nous limiter, pour l’essentiel, à l’histoire dunoyau rationnel de cette notion, sans prétendre évidemment, dans la limite de l’espace qui nous est imparti, à l’exhaustivité. Soucieux de montrer de façon claire comment la notion de réseau s’est peu à peu dégagé du halo d’images et d’obstacles épistémologiques qui l’entouraient, nous irons de ses aspects préhistoriques (le réseau comme filet) à ses usages effectifs dans la théorie des graphes et desréseaux de transport en montrant comment, de l’organisation de la matière à celle du territoire puis des moyens de communication, cette notion s’est avérée, peu à peu indispensable pour décrire les sociétés contemporaines où, selon une thèse célèbre de Mac Luhan, les échanges et la re-production deviennent aussi importants, sinon plus, que l’appareil productif lui-même.

PRÉHISTOIRE

DE LANOTION DE RÉSEAU

On partira ici de l’étymologie. Le mot « réseau », du vieux français « résel » (Marie de France, XIIe s.), variante de « réseuil », vient du latin « retiolus », diminutif de rete-retis, filet, qui a aussi donné le mot « rets ». Le filet en question a d’abord été un filet de chasse, destiné à rabattre de petits animaux en direction de leurs poursuivants. Mais, très vite, le filets’est fermé, donnant lieu au sac à mailles, ou encore à la résille, coiffe enserrant, à l’époque, la chevelure féminine. Par analogie, des constructions à colombages étaient appelées, dans le monde romain, « maçonneries réticulaires » (reticulata structura)

Considéré dans ce premier sens, le « réseau » est donc essentiellement un outil de capture, ce qui situe sa place de façon précise dans laculture. Si l’on adopte, en effet, la classification proposée par André Leroi-Gourhan (4), l’ensemble des techniques peut être divisé en deux grandes classes : les techniques de percussion et les techniques de préhension (ou de capture), opposition philosophiquement fondée sur deux modes de rapport au monde tout à fait opposés : pénétrer ou filtrer, aller vers, se projeter en avant ou, au…