Spinoza
Baruch Spinoza
(24 novembre 1632, Amsterdam, Pays-Bas – 21 février 1677, La Haye)
Philosophe qui eut une influence considérable sur ses contemporains et nombre de penseurs postérieurs, s’éloigna de toute pratique religieuse, mais non de toute réflexion théologique grâce à ses nombreux contacts interreligieux. Après sa mort, le spinozisme, condamné en tant que doctrine athée, eut uneinfluence durable. Les psychanalystes le tiennent pour le philosophe ayant le plus ouvert la voie à Freud.
Théorie de la connaissance
La philosophie de Spinoza tente d’être entièrement déductive. Elle est développée selon des enchaînements logiques rigoureusement déduits à partir de définitions, sur le modèle des mathématiques.
Les degrés dans la connaissance
Spinoza élabore une étude desmodes de connaissance :
I. Il y a une perception que nous acquérons par ouï-dire, ou au moyen de quelque signe que chacun appelle comme il lui plaît.
II. Il y a une perception que nous acquérons à l’aide d’une certaine expérience vague, c’est-à-dire d’une expérience qui n’est point déterminée par l’entendement, et qu’on appelle de ce nom que parce qu’on a éprouvé que tel fait se passed’ordinaire ainsi, que nous n’avons à lui opposer aucun fait contradictoire, et qu’il demeure, pour cette raison, solidement établi dans notre esprit.
III. Il y a une perception dans laquelle nous concluons une chose d’une autre chose. C’est ce qui arrive lorsque nous recueillons une cause dans un certain effet, ou bien lorsque nous tirons une conclusion de quelque fait général constamment accompagnéd’une certaine propriété.
IV. Enfin il y a une perception qui nous fait saisir la chose par la seule vertu de son essence, ou bien par la connaissance que nous avons de sa cause immédiate. »
(extrait du Traité de la réforme de l’entendement)
Gilles Deleuze (un philosophe du XXe siècle), dans ses cours sur Spinoza, utilise trois exemples qui illustrent les trois genres de connaissance,chacun correspondant à un genre de vie à part entière :
-La connaissance du premier genre est empirique : je barbote dans l’eau, mon corps subit les vagues et l’eau.
-La connaissance du second genre est empirique et rationnelle : je sais nager, au sens où je sais composer mes rapports avec les rapports de la vague, avec l’élément eau.
-Le troisième genre est purement rationnel : je connaisles essences dont dépendent les rapports : je sais ce que sont l’eau, l’onde, la vague, le principe d’Archimède, leurs causes, etc.
-Le quatrième genre est une connaissance intuitive. Comme le dit Spinoza lui-même : « nous avons une idée vraie », Traité de la réforme de l’entendement, §33. Cette idée vraie est celle de Dieu, que Spinoza appelle également la substance.
La substance
Lasubstance est conçue comme cause d’elle-même (cause première), suivant le principe de causalité (tout phénomène a une cause; dans les mêmes conditions, la même cause est suivie du même effet).
Ceci doit permettre de rendre la connaissance possible. En effet, d’une part, sans le principe de causalité, la connaissance serait impossible, et, d’autre part, sans cause première la connaissance ne seraitjamais complète. Ainsi, dès le départ, Spinoza, en affirmant l’existence nécessaire d’une substance cause d’elle-même, pose que non seulement la connaissance est possible, mais en outre que cette connaissance de la nature des choses peut être absolument complète.
L’existence de cette substance est une réalité objective et nécessaire. Cette substance est unique, incréée, incorruptible,absolument simple et sans limitation. Tous les phénomènes sont des attributs ou des propriétés de cette substance, et ils n’ont qu’une existence conditionnelle qui dépend de la seule réalité vraie.
La substance est pour Spinoza aussi bien Dieu que la nature, dont il fait des synonymes : tout ce qui est, est en Dieu et ne peut subsister sans lui ; il n’existe rien en dehors de lui. Dieu est la cause…