La perception: cours de philosophie par j. llapasset
Cours de PHILOSOPHIE par J. Llapasset
Philo-poche
La perception
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I. Propédeutique pour mieux comprendre.La perception ça semble tout simple! J’ouvre les yeux, je vois un arbre à une certaine distance. Pourtant …
Je vois un arbre.-Si je vois, je vise à travers une sensation, l’exercice d’un sens, lavue. La « visée » est un acte de transcendance, une sorte d’intention (= je tends vers) et cet acte intentionnel n’est pour moi, que par la présence à soi de cet acte de ma conscience.-Si je vois « un » c’est que je sais compter et distinguer grâce à l’espace déployé par mon esprit.
Si je vois un arbre c’est que je détermine par un concept une représentation primitive: je conçois un être objectifcorrespondant à un vécu intérieur: par quel mystère? La perception ne serait-elle qu’une représentation déterminée, une prise complète complète d’une chose?
A y réfléchir, je tombe dans un grand embarras: la sensation comme la perception semble à la fois incontestable et introuvable: la sensation n’est en effet jamais donnée: voir c’est déjà dépasser, donner un sens à la chose: ne serait-ce queson extériorité, sa transcendance irréductible. Sans cela je ne verrais rien que la nuit d’une image pour ainsi dire adhérente: sans distance, pas de vision.Mais que reste-t-il de la perception elle-même devant l’apport de la mémoire, de la culture, de l’entendement: à la limite connaître pourrait se réduire à reconnaître?
Me voilà ballotté entre la nuit de l’image et la clarté de l’entendement,un rien de l’objet esquissé et le modèle d’un objet dans lequel l’entendement ne retrouve que ce qu’il y a mis: le tout.
Entre des sensations qui ne sauraient être isolées et une perception déterminée dans laquelle triompherait l’entendement, il y a certainement ce « no man’s land », entre l’intérieur et l’extérieur, à travers lequel une donation s’effectue comme réalité du « il y a ». Mais aussicomme doute dans l’ambiguïté constituante du perçu: l’unité de la présence et de l’absence, de ce qui se fuit. A la fois présente et introuvable, promesse d’une plénitude qu’elle ne saurait tenir sans s’évanouir, la perception esquisse une révélation et, du même mouvement en montre les limites: recherche d’une plénitude perdue, de ce lieu mythique d’où toutes les choses seraient perçues dans leurplénitude, recherche toujours renouvelée car ce point de vue sur la totalité se dérobe sans cesse.
Je crois voir un arbre, en réalité, mais je ne vois qu’une esquisse d’un arbre et je ne pourrais jamais remplacer cette esquisse que par une autre esquisse pour peu que je me déplace. |
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I. Autour du mot.Comme acte de transcendance qui s’éprouve soi-même la perception est en cela marquée du sceau de l’originalité: par la perception nous avons accès à ce qu’il y a, toute perceptionest donation.Parce qu’elle implique une intuition sensible, la perception n’est pas un acte de pensée qui s’élève vers ce à quoi rien de sensible ne correspond: nous ne saurions la réduire au sentiment, à ce qui s’éprouve soi même, puisqu’elle est ouverture dans un trou de lumière à autre chose qu’elle qui est manifesté ici et maintenant dans la présence: il faut donc bien la distinguer dusouvenir ou de l’image, de ce qui relève de l’absence.Ne confondons pas la perception avec le modèle conçu par une pensée qui, en soumettant la perception aux catégories du sujet et de l’objet du vécu et de l’étendu, se condamne par là à ne jamais pouvoir concilier une perception qui se fait dans le monde et celle qui se fait en nous. Plaquer une conception de la réalité (sujet / objet; vécu / étendu)…