Les bienfaits de la lune

septembre 26, 2018 Non Par admin

COMMENTAIRE DE TEXTE . Objet d’étude : la Poésie.

Texte : « Les bienfaits de la Lune », de Charles Baudelaire (1869 )

I- INTRODUCTION :
Charles Baudelaire est connu, avant tout, comme poète et auteur des « Fleurs du Mal ». Mais ses poèmes en prose, dont la version complète est parue en 1869, sous l’intitulé « Spleen de Paris », deux ans après sa mort, procèdent d’un profond désirde donner à l’expression poétique une forme nouvelle qui reprendrait, dans un monde insolite, ses grands thèmes de prédilection.
L’une de ces pièces, nommée « Les bienfaits de la Lune », nous plonge dans une rêverie poétique qui révèle, au fond, quelques-unes des obsessions personnelles de Baudelaire.

Plan du texte :
-La Lune, personnifiée, jette son dévolu sur une petite fille endormiequ’elle illumine de sa clarté ( lignes 1 à 12 ).
-Prédictions inquiétantes de la Lune, sorte de puissance maléfique ( lignes 13 à 36 ) :
-la Lune prédestine la fillette à des « amours » qui ont un goût de péché et qui semblent voués à un objectif inaccessible ( lignes 13 à 25 ).
-même sort réservé à tous ceux qui seront aimés de la future femme (lignes 26 à 36 )).
-Retour à la réalité :l’enfant décrite se révèle être la femme aimée par le poète ( lignes 37 à 41 ).

II- DEVELOPPEMENT DU COMMENTAIRE :
-Un début en forme de conte fantastique ( lignes 1 à 12 ) :
– Au cours de ces premières lignes, la Lune apparaît comme un objet poétique personnifié qui vient « déposer ses couleurs » sur le visage de la fillette, dans son berceau. L’atmosphère est celle du conte de fée.La souplesse et l’ondulation lente de la lune qui descend jusque sur la couche de la petite fille sont parfaitement suggérées par une métaphore : « elle descendit […] son escalier de nuages », par le choix de l’adverbe « moelleusement » qui prépare la métaphore liée aux nuages ; le rythme est lent, associé aux allitérations en « l » et en « s » évoquant la fluidité, l’aisance. La phrase suivantesouligne l’attitude quasi maternelle de la lune qui semble envelopper la fillette de son affection : allure très retenue, forte allitération en « s » et « d », présence des termes « tendresse » et « mère », termes rassurants, délicatesse extrême des gestes traduite par les verbes « s’étendit » et « déposa » : « Puis elle s’étendit sur toi avec la couleurs tendresse souple d’une mère, et elle déposases sur ta face ». L’empreinte de la Lune laissée sur le visage de la fillette ( le vert des yeux et la pâleur des joues ) reste dans la même veine poétique que le début du texte ( lignes 8 à 10 ).
Malgré tout, quelques détails commencent à intriguer le lecteur : le narrateur, qui s’adresse directement à l’enfant ( on ne sait toujours pas de quelle enfant il s’agit … ), évoque une emprise dela Lune qui se fait de plus en plus prégnante. Certains mots suscitent une inquiétude et un malaise indéfinissables : « tes yeux se sont si bizarrement agrandis » ; « elle t’a si tendrement serrée à la gorge que tu en as gardé pour toujours l’envie de pleurer ». Le parallélisme entre les deux expressions ( « si tendrement serrée à la gorge » et « si bizarrement agrandis » ) tient à l’allianceétrange d’un adverbe et d’un participe passé qui prend, à chaque fois, une connotation angoissante . L’effet s’amplifie avec l’idée que la Lune puisse avoir eu un impact maléfique sur la fillette en ayant déclenché chez elle un état de mal-être et même de neurasthénie chronique.
Le terme de « visiteuse » ( ligne 10 ) qui a tant d’influence sur celle qui la « contemple » prend un sens plus ambigüe,presque religieux ( « visiter » signifie aussi « agir sur » ). D’ailleurs, la tournure « c’est en contemplant que… » placée en tête de phrase donne à cette dernière force de révélation comme si les indices de la métamorphose physique et morale de la fillette devenaient clairement des signes du pouvoir néfaste de la Lune sur elle…

-La Lune, puissance maléfique ( lignes 13 à 36 ) :
La…