Parti communiste francais
En 1931, Charles Tillon, membre du bureau confédéral de la CGTU, effectue son premier et d’ailleurs unique voyage à Moscou. Il y sera reçu par les dirigeants de l’Internationale, Manouïlsky etPiatnisky. Manouïlsky est une vieille connaissance du Parti. Lénine l’avait envoyé clandestinement en mission en France en 1921, et il put intervenir au congrès de Paris, faisant une profonde impression surtous les délégués. Depuis, c’est lui qui suit le PCF pour l’Internationale, dont il deviendra le principal dirigeant jusqu’en 1934. Manouïlsky éprouvait des doutes sur le bien-fondé de la ligneultra-gauchiste et s’apprêtait à débarquer Barbé et Célor, les jeunes dirigeants propulsés à la tête du Parti pour appliquer la ligne « classe contre classe ».
Il s’en est fallu de peu que Maurice Thorezne fut aussi écarté comme Barbé et Célor, mais c’est lui que Manouïlsky installe à la tête du Parti, au congrès de Paris en 1932. Duclos et Frachon comptent parmi les 10 autres membres du bureaupolitique. Si on fait le bilan des 12 premières années d’existence du Parti, les résultats ne sont guère époustouflants sur le plan électoral, ou du nombre d’adhérents, mais d’un point de vue léniniste, laréussite est incontestable : l’ensemble hétéroclite d’anarcho-syndicalistes, nébuleuse de divers courants révolutionnaires s’est métamorphosé en un authentique parti bolchevique. L’équipe dirigeante,jeune, issue de la classe ouvrière, est formée de révolutionnaires professionnels, bénéficiant d’une solide expérience des affrontements avec la police, de la clandestinité, mais sachant égalementjouer des moyens légaux, par exemple les mandats de députés pour bénéficier de l’immunité parlementaire. Ces dirigeants sélectionnés avec « clairvoyance » par Manouïlsky, extrêmement brillants au départ,ont reçu en outre une solide formation théorique au gré de leurs passages à Moscou.
Tout s’accomplit selon la doctrine de Lénine : d’abord la construction d’un parti révolutionnaire, ensuite la…