Invention de la ville
Invention de la ville : Yves Chalas & Henri Torgue
Les deux auteurs de ce livre ont effectué une étude socio-urbanistique en observant les quartiers des Echirolles, se trouvant dans l’agglomération grenobloise. Leur objectif principal était de comprendre quels rapports entretiennent les habitants vis-à-vis de leur ville. Ils se sont ainsi demandés s’il existe une identité échirolloise etcomment les citoyens s’approprient-ils leur espace.
Leur méthode d’analyse consistait à obtenir des discours d’existence en montrant à divers citadins un album photographique. Cet album comportait des photos anciennes et récentes de certains lieux et modes de vie dans les quartiers échirollois. A partir de ces entretiens, ils ont pu établir une analyse détaillée sur les réalités urbaines qui nousentourent dans toute l’Europe.
1. La ville d’hier
Jürgen Habermas (1986) : « Notre conception de la ville est étroitement liée à notre mode de vie. Or ce mode de vie a évolué à une vitesse telle que la conception de la ville dont nous avons hérité ne peut plus se développer en symbiose avec lui ».
Conception de la ville d’hier selon les sociétés européennes :
– Ville de l’harmonieclassique
– Ville de l’unité formelle du point de vue architectural
– Ville compacte
– Ville dense et donc ville de la proximité et de la mixité sociale et fonctionnelle
– Ville du quartier et du centre-ville unique puissant et attractif.
Comme cette ville, maintenant périclite, nous pouvons penser que la fin de la ville est imminente : ville éclatée, multiplication des non-lieux,plus de centre,…
En est-on à la fin de toute ville ? Le déclin des quartiers ce n’est pas la fin de la ville. Quand un type de ville se meurt, c’est que déjà un autre type de ville s’épanouit. Les villes évoluent (ce n’est pas nouveau). La ville ne cesse de se métamorphoser depuis que les hommes l’ont inventé (pareil pour la culture et les techniques). Pour ceux qui prédisent la fin de la ville,Chalas dit qu’il faudrait rétorquer que ce n’est pas le monde qui change mais ceux qui s’éloignent.
2. Un nouvel état des lieux urbains
– Le relatif abandon des centres-villes
La ville s’est étendue et continue à s’étendre. La modernité a construit dans les périphéries en 10 ans (1970-1980) plus qu’elle n’a construit en 1 siècle.
La perte d’habitant frappe indifféremment tous lestypes de centres anciens y compris ceux qui ont été entièrement rénovés ou reconstruits. Phénomène de dépeuplement qui exprime en fait une tendance lourde à l’excentralité. ? Tous les pays occidentaux semblent connaître cette évolution périurbaine.
– La circulation généralisée
La mobilité prend une part de plus en plus centrale dans la réflexion sur la ville.
Est-ce l’urbanisation quisuit l’essor technologique des moyens de communication ? Ou à l’inverse, est-ce l’urbanisation qui est à l’origine du développement de la mobilité ? Pas de réponse tranchée ! La pression urbaine appelle un développement de la mobilité et le développement des moyens de cette mobilité entraîne à son tour un essor de l’urbanisation.
La vitesse des transports augmente ? la distance des déplacementsaugmente aussi pour un budget-temps total inchangé. Mais la durée des déplacements augmentera aussi car de plus en plus de services sont proposés dans les gares et dans les moyens de transports.
Avec ces changements, la ville change d’échelle : ville et quotidienneté sont indissociables. Ville = territoire dans lequel chacun est en mesure de faire ce qu’il a à faire quotidiennement. Les limites dela ville sont pratiquement définies par ce qu’un individu doit impérativement faire en une journée maximum, à savoir, se loger, travailler, consommer, se divertir, en se déplaçant d’un pôle à l’autre de ces fonctions.
Les modes de vie quotidiens s’inscrivent à l’échelle de véritables bassins urbains. Accroissement des déplacements de périphéries à périphéries : zone industrielle à zone…