L’europe et la question turque
L’Europe et la question turque
Alors qu’elle frappe à la porte de l’Europe depuis plus de quarante ans, la Turquie vient d’obtenir le feu vert de la Commission de Bruxelles pour postuler officiellement à l’entrée dans l’Union européenne. La commission estime, en effet, qu’Ankara remplit suffisamment les critères politiques définis à Copenhague pour entamer les négociations d’adhésion.Reste que la question de l’adhésion de la Turquie dans l’Europe a suscité nombre de réactions parmi les pays membres. Tout d’abord, il convient de rappeler que les évènements actuels intègrent un long cheminement commencé en 1963 par la phrase du Président de la Commission d’alors, Walter Alstein : « un jour la Turquie sera membre de plein exercice de la Communauté européenne ». En 1999, la Turquiereçoit le statut de candidat. Pourtant l’adhésion de la Turquie à l’Europe ne donne lieu à aucun consensus tant entre les pays membres qu’entre les partis. Pour bien saisir les enjeux de ce débat, nous rappellerons ici les arguments des partisans et des opposants à l’adhésion turque.
Pourquoi la Turquie doit-elle intégrer l’Europe ?
1. Les arguments des partisans de l’adhésion.
Al’exception de la Hongrie, tous les nouveaux pays adhérents de l’Europe Centrale et Orientale sont favorables à l’adhésion de la Turquie. Ils sont rejoints par la Grande-Bretagne et l’Irlande sur ce point. En France, la question de l’élargissement européen à la Turquie recueille un large consensus dans les milieux.
Les chefs d’entreprise français jouent, en effet, depuis de nombreuses années,la carte de la Turquie. Les ventes françaises en Turquie ont progressé de plus de 150% depuis le milieu des années 1990. La Turquie est, par ailleurs aujourd’hui, le 18ème fournisseur de la France et bénéficie d’une union douanière avec l’Europe des 25.
Outre l’intérêt qu’ont les milieux d’affaires à voir la Turquie entrer dans l’UE, il existe des arguments plus ou moins objectifs quemettent en valeur les partisans d’un tel élargissement.
Géographiquement tout d’abord, la Turquie possède une partie de son territoire en Europe avec Istanbul. Cette position actuelle ne doit pas évincer le fait que l’Empire Ottoman, l’ « ancêtre » de la Turquie s’est étendu jusqu’à Vienne.
Viennent ensuite les arguments sociaux. Nombre de Turcs sont d’ores et déjà établis dans des payseuropéens (exemple de l’Allemagne). Ces mouvements de population se verraient donc faciliter via l’élargissement. De plus, la Turquie apporterait son dynamisme démographique aux populations européennes vieillissantes.
Nous pouvons ensuite mentionner les arguments « stratégiques » en faveur de l’adhésion turque.
Dans un contexte géopolitique mondial où l’on n’hésite plus à brandir le spectre du« choc des civilisations », l’entrée dans l’Europe, d’un état où la population est majoritairement musulmane serait un signe fort adressé aux communautés musulmanes déjà en Europe de la volonté d’intégration de l’Union.
Par ailleurs, les Turcs se montreraient vraisemblablement plus enclins à assouplir leur position sur des sujets aussi sensibles que le génocide des Arméniens en 1915.Nous nous devons aussi de souligner la force de l’armée turque qui ferait de la Turquie un atout dans le cadre d’une politique étrangère de sécurité commune .
2. Les efforts turcs.
Le gouvernement dirigé par Recep Tayyip Erdoran est parvenu en menant des politiques monétaires et budgétaires restrictives à relancer la croissance. Celle-ci devrait ainsi atteindre 7% cette année, et 4% l’anprochain.
Ces succès économiques s’appuient sur le niveau élevé du moral des ménages et des entreprises. La confiance des ménages devrait soutenir durablement la consommation. Concernant les entreprises, les experts estiment que les dépenses d’équipement pourraient bondir de 55% cette année. Enfin, nous devons souligner la réussite de la lutte contre l’inflation. Alors que le phénomène était…