Mme bovary, la lettre de rodolphe
« Je suis moi-même Mme Bovary » Cette citation extraite des propos de Flaubert qui, perfectionniste et auteur réaliste malgré lui, nous offre un chef d’œuvre de la littérature française, tant par le style d’écriture que par la psychologie peinte des personnages.
Né en 1821 et mort en 1880, Flaubert est un des plus illustres auteurs du XIXème siècle, au même titre que Balzac, Sand ou encoreStendhal. Critiquant avec véhémence le Réalisme, courant littéraire davantage connu par des auteurs ni figurant pas que par les réels réalistes, Gustave Flaubert à eu tout au long de sa vie un souci maladif pour le détail, consultant plus de milles livres pour la seule rédaction de Salammbô.
Ecrit sur plus de sept ans, Madame Bovary est le roman de la consécration de Flaubert. Il y peint avecminutie la vie d’une provinciale qui cherche à échapper au traintrain quotidien en trouvant l’amour en la personne de Rodolphe, un noble libertin.
Dans ce texte extrait du chapitre 13 de la deuxième partie de Madame Bovary, Rodolphe, séducteur et amant de l’héroïne, écrit une lettre de rupture à Emma.
Aussi pouvons-nous nous demander comment Flaubert brosse-t-il le portrait d’un homme lâche ?Nous verrons dans un premier temps le regard que porte Rodolphe sur Emma avant d’analyser le triple portrait de l’auteur fait du personnage.
I. Le regard de Rodolphe sur Emma Bovary
Cet extrait ne fait pas directement intervenir l’héroïne. Ainsi, on apprend à la connaître par le biais du regard que lui porte son amant, Rodolphe :
– Pour Rodolphe, Emma Bovary est toutd’abord naïve. En effet, on peut le remarquer grâce aux adjectifs « confiante et folle » qualifiant la jeune femme dans la lettre qui lui est adressée. La confiance est une espérance en une personne, en un acte, en une chose. Or lorsqu’elle est mêlée de folie, cette espérance relève de la naïveté.
– « Si je lui disais que ma fortune est perdue ?…Ah ! non, et, d’ailleurs, cela n’empêcherait rien.Ce serait à recommencer pus tard. » Pour l’auteur de la lettre, Emma est attirée par le luxe et par les titres. Mais elle est aussi amoureuse à l’excès et « Ce serait à recommencer pus tard » insiste sur le fait qu’elle est autant attirée par l’homme que par son capital.
– « Est-ce qu’on peut faire entendre raison à des femmes pareilles ? » : Pour Rodolphe, Emma le prive de liberté. Il estlibertin et elle est amoureuse. Elle est donc plus difficilement malléable, ce qui semble pousser le personnage à la rupture.
– « Pourquoi étiez-vous si belle ? » et « Soyez toujours bonne ! » : L’héroïne est alors considérée pour sa beauté, non pour sa personnalité.
– « N’en accusez que la fatalité » : cette citation peut être un clin d’œil de l’auteur, en effet à la fin du roman, CharlesBovary accuse la fatalité lorsqu’il se penche sur le corps sans vie de son épouse. L’incapacité des personnages à maîtriser leur destin semble mettre en évidence un registre tragique. Il est cependant pathétique.
– « Partout où nous eussions été » à La jeune femme veut s’enfuir avec son amant ; elle retranscrit dans sa vie ce qu’elle lit dans ses romans. Emma est le personnage type romanesque.
-« Si vous eussiez été une de ces femmes au cœur frivole comme on en voit » : Emma s’implique trop dans la relation : elle veut s’enfuir avec l’homme qu’elle aime.
– De plus, étant donné que Rodolphe mesure ses propos avec « Comment vais-je signer, maintenant ? », on peut s’imaginer que Emma est une femme émotionnellement fragile.
– « Pour qu’elle ne vienne pas à ma relancer » : par cettephrase, on sait que Rodolphe trouve Emma envahissante.
Ainsi Flaubert nous dépeint un personnage libertin, noble de province, qui séduit les femmes lui laissant suffisamment de liberté. Or, il considère Emma comme amoureuse, belle, naïve, romanesque et envahissante ce qui le poussera à la rupture. Mais qu’en est-il de la personnalité de Rodolphe ? C’est ce que nous verrons dans un second…