L’argent

janvier 13, 2019 Non Par admin

ARGENT ET ETHIQUE SONT-ILS COMPATIBLES ?

Les évenements à l’origine de la crise financière remettent cette ancienne préoccupation au goût du jour. A tel point que non seulement les économistes et les philosophes, mais aussi les chefs d’entreprise s’interrogent sur la place de l’éthique dans nos rapports à l’argent aujourd’hui.

Parlons tout d’abord d’éthique. Le premier, Aristote,introduit le concept d’éthique qui désigne la branche de la philosophie qui s’intéresse à la conduite de l’Homme. Cette définition paraît claire mais on peut s’apercevoir que ce terme revêt autant de significations qu’il y a eu de philosophes pour en parler! Ainsi pour Spinoza, l’éthique vise à aider l’Homme à vivre selon la raison, chez Kant, elle est la conséquence de l’autonomie de la volonté, tandisqu’Hegel la considère comme la réalisation effective de l’idée de bien.
Raison, Volonté, Bien … on comprend vite que la multiplication des concepts conduit à un débat sans fin. Cependant, il apparaît que dans tout les cas, l’éthique se définit à l’échelle individuelle, par opposition à l’ensemble des règles morales collectives qui caractérisent une société. Il s’agirait finalement du regardcritique que porte l’individu sur chacun de ses choix, en fonction de critères, de valeurs qui lui sont propres.
L’absence d’une éthique personnelle signifierait donc que l’on est esclave de ses choix.

Ethique et Argent sont nécessairement liés.

Pour Dominique Greiner, économiste et professeur en théologie morale, la question de l’éthique est inévitable lorsque l’on s’interroge sur le rôle del’argent. En effet, que ce soit à l’échelle de l’individu ou de la société, l’argent n’est jamais un élément neutre : il est un critère de choix qui affecte aussi bien les désirs personnels que l’ensemble des échanges sociaux.
Le professeur Greiner résume ainsi son point de vue : « Le discernement éthique au sujet de l’argent exige un déchiffrement de l’ambiguïté constitutive de notre relation àl’argent ». Car l’argent peut difficilement être perçu comme ayant uniquement une valeur d’usage. Il s’y superpose une valeur d’échange, qui « n’est pas subordonnée à une simple fin utilitaire ». C’est précisement cette valeur d’échange qui a le plus d’effet sur les rapports sociaux, car alors l’argent n’est plus seulement un élément intérmédiaire de l’échange.

L’absence de questionnement éthiquepeut ammener à occulter complétement cet aspect fondamental de l’argent : il a un pouvoir qui lui est propre et peut asservir celui qui le possède.
L’exemple le plus célèbre est celui du personnage d’Harpagon, qui refuse toute valeur d’usage à l’argent, restant ainsi aveugle à tout autre lien entre lui et la société qui l’entoure, et se révèle tyrannique et destructeur envers ses propresenfants. La réalité dépasse parfois la fiction : les spéculateurs boursiers ne raisonnant plus qu’avec la valeur d’échange de l’argent en viennent à oublier les conséquences tangibles de tractations réalisées sans le moindre discernement éthique.
L’argent a cependant un autre pouvoir qui ne doit pas être mis de côté : il est un moyen de paiement qui facilite les échanges, il est fédérateur et pour GeorgSimmel, sociologue auteur de La philosophie de l’argent, il a permis l’émergence de l’Etat moderne grâce à la mise en place d’une administration centrale.
L’Histoire récente nous prouve simplement qu’aujourd’hui, le manque d’éthique individuelle dans les relations avec l’argent est susceptible de déclencher une crise à l’échelle mondiale.

Aujourd’hui plus qu’hier, il est difficile deconcilier argent et éthique.

L’omniprésence de l’argent est indéniablement l’une des caractéristiques de notre époque. La fascination qu’il exerce est telle que cette omniprésence est devenue tout à fait normal du point de vue moral. Or cette attitude fait figure d’exception lorsque l’on s’intéresse à la place qu’a occupé l’argent dans la société au cours des siècles : comme le précise le professeur…