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janvier 12, 2019 Non Par admin

Logiques de création de connaissances et stratégies de coopération
Gilles Lambert 1,2 et Véronique Schaeffer 2*
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École de Management Strasbourg BETA, Université de Strasbourg 61, Avenue de la Forêt Noire 67085 STRASBOURG Cedex

*Correspondance : [email protected] Résumé La rationalisation des activités de conception a conduit au développement de collaborations étroites entreentreprises ayant des liens de client et fournisseur, voire entre entreprises concurrentes. Il en a résulté le renforcement de réseaux verticaux et horizontaux liant des acteurs au sein d’une même chaîne de valeur. La problématique de notre recherche est de mettre en lumière les nouvelles logiques de création de connaissances qui expliquent l’émergence de réseaux trans-industriels dans lesquels desentreprises n’appartenant pas à une même chaîne de valeur coopèrent en vue d’augmenter leur potentiel d’innovation. Notre méthodologie basée sur les cas repose sur des données collectées dans le cadre d’un projet d’étude franco-allemand portant sur l’apprentissage régional dans les entreprises multinationales. Nous nous focalisons ici sur la partie française de cette étude, plus particulièrement surdeux entreprises situées au cœur de la conception de technologies pour l’industrie automobile. Ces deux entreprises cherchent à accroître leur potentiel d’innovation de rupture, tout en améliorant la performance des processus de conception de produits en termes de coûts et de délais. Pour chacune, nous avons étudié un projet de R coopératif en cours, qui a conduit au développement d’un réseautrans-industriel. Afin de révéler les logiques de création de connaissances qui ont guidé l’émergence de ces réseaux et l’évolution de l’organisation interne de la R, nous avons mené des entretiens semi-directifs basés sur un questionnaire identique, auprès des responsables des départements de R et des chefs de projet des deux entreprises, ainsi que des entreprises partenaires dans les projets.Nous avons également rencontré les acteurs de la recherche académique impliqués. Au total, plus de vingt entretiens d’une durée allant de deux à quatre heures ont été menés. Deux résultats significatifs ont été mis en évidence. Une première logique de création de connaissances repose sur une meilleure maîtrise de la complexité des produits dans les processus de conception, indépendamment descontextes d’application. Des industries n’appartenant pas à la même chaîne de valeur vont développer des briques de connaissances communes pour des applications industrielles totalement différentes. La seconde logique tend à favoriser l’émergence de nouvelles combinaisons de connaissances par la diversification et l’hétérogénéité des acteurs des réseaux sociaux. Nous montrons que cette hétérogénéitécroissante ne se limite pas à l’écoute de clients « éloignés » pour la conception de nouveaux produits, mais voit se mettre en place des logiques nouvelles de coopérations industrielles inédites. Nous établissons un lien de causalité entre ces réseaux trans-industriels, la recherche d’innovation de rupture et des logiques expansives de créativité technologique. Mots clés : conception de produit, réseautrans-industriel, innovation radicale, stratégies de coopération, organisation de la R

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INTRODUCTION L’activité de conception se trouve au cœur des dynamiques d’innovation et depuis longtemps des chercheurs en science de l’organisation ont tenté d’en décrire les principes en construisant une théorie qui rende compte de la richesse des phénomènes à l’œuvre. Simon (1979) fût l’un despremiers à en tracer les contours à partir de ses travaux sur les modes de résolution de problème, et plus particulièrement à travers le concept de rationalité limitée. March (1999) lui emboîtant le pas en précisera les contours en proposant une opposition relative à l’apprentissage qui sera souvent reprise entre exploration et exploitation. L’évolution récente des recherches en France dans ce…