La crise financière contemporaine est-elle une crise de la globalisation financière
Co-mouvements extrêmes, interdépendance ou contagion ?
Une analyse d’après la théorie des valeurs extrêmes
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LAREefi, Université Montesquieu Bordeaux IV Juin 2008
Résumé : Cet article étudie la nature des co-mouvements extrêmes sur les marchés financiers en utilisant la théorie des valeurs extrêmes. A travers l’analyse de l’évolution de la structure de dépendance à l’aide d’une partde la mesure de dépendance extrême proposée par la théorie des valeurs extrêmes, et du coefficient de corrélation d’autre part, nous identifions la contagion de l’interdépendance sur 44 marchés boursiers et 41 marchés obligataires. Notre résultat montre que la dépendance extrême concernant les marchés financiers des pays développés est plutôt liée à l’interdépendance – résultat de l’intégrationfinancière et économique, alors que c’est plutôt la contagion qui est à l’origine du lien extrême concernant les marchés financiers des émergents – ce qui révèlent leur instabilité et vulnérabilité. JEL Classification: C51, F36, G15 Mots clef: extreme-value theory, contagion, cross-market linkages
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LAREefi, Université MontesquieuBordeaux IV, Avenue Léon Duguit, 33608 Pessac Cedex, France. Email : [email protected] et [email protected].
1. Introduction
Depuis la crise asiatique de 1997, l’utilisation du terme de contagion pour désigner la propagation de crise financière commence à être très répandue. Cependant le phénomène étant complexe, il n’existe pas malgré l’abondance de la littérature de consensus pour ladéfinition exacte et ainsi pour l’identification de la contagion. L’évolution de la définition pourrait être marquée par deux phases importantes : la première fait référence à la notion de contagion dans son sens large, c’est-à-dire qu’il suffit qu’il y ait la transmission de crise pour identifier la contagion quel que soit le canal de transmission ; la seconde met en évidence la contagion dans sonsens strict1, elle cherche à distinguer les canaux de transmission existants indépendamment de la crise (théorie de contagion non contingente) de ceux dont l’existence et l’activité sont conditionnées par la crise (théorie de contagion contingente). Forbes et Rigobon (2001) résument quatre canaux de transmission qui contribuent à la contagion non contingente. Le canal commercial a été développé parGerlach et Smets (1995) et Corsetti et al. (2000). La dévaluation d’une monnaie pourrait améliorer la compétitivité d’une économie au détriment d’une autre soit en augmentant les importations de la dernière, soit en diminuant ses exportations sur un marché tiers. Cet impact négatif pourrait inciter l’autre économie à dévaluer sa monnaie. Le canal de transmission par la coordination de politiqueimplique que les accords pré-établis entre deux pays pourraient engager l’un des deux à suivre la même politique en réponse à un choc économique. Rigobon (1998), Chari et Kehoe (2003) et Calvo et Mendoza (2000) ont contribué à avancer le canal de ressemblance
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Forbes et Rigobon parlent de la « shift-contagion » (Forbes & Rigobon, 2001).
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des fondamentaux. Les investisseurs réévaluent leur anticipation de crise sur un marché si un autre marché similaire au niveau de structure ou de politique macroéconomique connaît un choc. Enfin, Masson (1998) évoque le mécanisme de l’effet de mousson selon lequel un choc commun (augmentation du taux d’intérêt, baisse de la demande, contraction des capitaux etc.) pourrait affecterles fondamentaux de plusieurs économies qui connaissent à la suite la crise. Ces canaux de transmission ne sont pas conditionnés par l’occurrence de la crise, il n’y a pas de changement de lien entre marchés avant et pendant la crise. Par conséquent, s’il y a transmission de crise via ces canaux, Forbes et Rigobon (2001) considèrent qu’il ne s’agit pas de la contagion dans son sens strict, mais…