Le rôle des descriptions dans illusions perdues de balzac

janvier 9, 2019 Non Par admin

Le rôle des descriptions dans Illusions perdues de Balzac

Introduction :

– Un des principaux reproches adressés à Balzac : ses descriptions trop nombreuses et trop longues. Cette forte présence du descriptif ne correspondait pas à l’horizon d’attente de l’époque : un roman doit se contenter de raconter des histoires.
– Boileau dans son Art poétique de 1674 recommandait déjà aux romanciersde ne point charger le récit d’un détail inutile : « C’est assez qu’en courant la fiction amuse ».
– Tout lecteur peut-être tenté de « sauter »une description (Boileau : « Je saute vingt feuillets pour en trouver la fin »)
? ce type de discours pose des problèmes de réception

problématique : quel est le rôle de ces descriptions ? Balzac a-t-il théorisé une poétique de la description ?I-Du rôle narratif de la description
1- En réponse aux reproches qui lui sont adressés, Balzac établit dans l’incipit de la Recherche de l’absolu (1834), le lien entre action et description :
« Il existe à Douai dans la rue de Paris une maison dont la physionomie, les dispositions intérieures et les détails ont, plus que ceux d’aucun autre logis, gardé le caractère des vieilles constructionsflamandes, si naïvement appropriés aux moeurs patriarcales de ce bon pays ; mais avant de la décrire, peut-être faut-il établir dans l’intérêt des écrivains la nécessité de ces préparations didactiques contre lesquelles protestent certaines personnes ignorantes et voraces qui voudraient les émotions sans en subir les principes générateurs, la fleur sans la graine, l’enfant sans la gestation. L’artserait-il donc tenu d’être plus fort que ne l’est la Nature ? »
– la description accouche de l’action : elle apporte des informations sur le lieu d’habitation, lui-même révélateur des mœurs et du caratère de l’habitant.
– la description prépare le dialogue
ex : la chambre de d’Arthez est décrite avant que le jeune romancier ne fasse le compte rendu de sa lecture du roman de Lucien (p. 235-237)ex : après avoir décrit l’aménagement intérieur de l’étude de Doublon, l’huissier, le narrateur ajoute : « Ces détails ne sont pas inutiles à l’intelligence de ce qui advint à Kolb » (p.251). Il faut connaître la disposition des pièces pour comprendre que Kolb ait pu tout entendre de la conversation entre Doublon et les Cointet.
Le détail n’est pas inutile, mais bel et bien nécessaire(contrairement à ce que disait Boileau).

2- c’est parce qu’elles préparent au drame que les séquences descriptives figurent généralement au début du roman, contrairement à ce que pensait Emile Faguet :
« On connaît ses débuts par descriptions, qui sont énormes […] C’est du bavardage le plus souvent. Il n’est point besoin de cent pages pour donner l’impression de la réalité, et me faire connaître laphysionomie d’une maison. Surtout il n’est pas besoin de cent pages au commencement d’un volume[…] c’est tout le long du récit, et de place en place, adroitement mêlée aux actes des personnages, les environnant comme un cadre, qu’il faut me la [la réalité matérielle] peindre. » (« Balzac », Dix-neuvième siècle, 1887)
Balzac lui-même revendique son choix des moyens dans la préface de Béatrix : ilcompare la première partie de ce roman où les descriptioins se multiplient avec « Un grand homme de province à Paris » qui est « une scène pleine d’action, sans descriptions, sans ce qu’on appelle des longeurs »
En réalité, il y a bien des descriptions dans cette partie mais elle sont insérées tout au long de l’intrigue :
le restaurant Flicoteaux (p. 219)
la mansarde de d’Arthez (p. 235)
lebureau de rédaction (p. 253)
la chambre de Lousteau (p. 269)
le Palais-Royal (p. 275)
l’appartement de Coralie (p. 328)

Mais tous les lieux de l’action ne le sont pas :
l’appartement de Rastignac
l’hôtel du ministre allemand (quelques lignes seulement, p. 393)
l’hôtel de Mme de Moncornet (p. 396)
enfin toutes ces descriptions, hormis celles consacrée aux Galeries de Bois (p. 275) sont…