La verite
Philosophie et spiritualité – Le critère de la vérité
http://sergecar.perso.neuf.fr/cours/verite1.htm
Leçon 41. Le critère de la vérité
Nous ne pouvons pas être indifférent à la vérité. Il nous faut accorder un soin très particulier à la recherche de la vérité, car cette condition existentielle du chercheur répond à ce que nous sommes, à la condition humaine qui est la nôtre. Ce que noussommes se mesure à l’échelle de la vérité que nous pouvons connaître et vivre à la fois. C’est très humain, nous voulons connaître, c’est-à-dire nous voulons comprendre ce qui est et sortir de l’ignorance qui ne peut que nous plonger dans l’égarement. Pour cela, nous avons besoin de pouvoir identifier correctement le vrai. En partant de l’opinion, nous nous disons : il doit bien y avoir des marquesqui nous permettraient, si elles étaient connues, de repérer le faux et de le dénoncer. Il doit être possible de discerner le vrai à certains caractères qui se manifestent avec lui. Ce serait pour nous un secours précieux que de pouvoir disposer d’une norme rigoureuse du vrai et du faux. Y a-t-il un signe qui permettrait de reconnaître le vrai du faux ? * * *
A. Le sujet, l’objet et lejugement
Mais la question est assez difficile. Elle demande que nous mettions au clair ce qu’est la vérité. La vérité est la caractéristique d’une connaissance qui a atteint son but, car une connaissance valide, c’est une connaissance qui est vraie. Mais sur quoi porte-t-elle exactement ? Pour le comprendre, il faut analyser la structure de la connaissance. Le processus de la connaissance comporte troistermes : connaisseur-connaissance-connu. La vérité est-elle une modalité spécifique appartenant en propre au connaisseur? Au connu? A la connaissance? 1) Nous disons parfois des choses qu’elles sont « vraies ». Mais est-ce que ce sont les « choses » qui sont vraies ? Nous disons qu’un tableau est un « faux » ou un « vrai » Van Gogh. Un billet de banque peut aussi être faux, comme une commode LouisVIII qui n’est en réalité qu’une habile imitation. Ces termes de « vrai » ou « faux » rapportés aux choses sonnent étrangement. Après tout, une chose est ce qu’elle est, elle existe ou n’existe pas, strictement parlant, elle n’est ni vraie ni fausse. Le faux Van Gogh existe, comme le faux billet ou la fausse commode. Ils ne sont pas rien, ils sont quelque chose qui, dans l’existence est exactementsemblable au vrai Van Gogh, au vrai billet, à la vraie commode. Cela n’a pas de sens de dire que l’objet est vrai ou faux, il est ou il n’est pas, il n’est pas « vrai » ou « faux ». Que voulons-nous dire alors ? C’est ce que nous connaissons de lui qui nous inquiète. Ici, plus exactement, on dira que le Van Gogh, le billet, la commode sont ou non authentiques. Ce qui est authentique a ce caractère quifait qu’une chose est exactement conforme à ce qu’elle paraît être, sa représentation est bien le reflet de son être. Le faux Vermeer n’est pas une peinture authentique, parce qu’il se donne dans notre représentation en simulant autre chose que ce qu’il paraît être. De même, une « vraie » joie n’est pas feinte, simulée, elle est un éclat spontané du cœur. Une personne authentique de même estentière, en elle il n’y a pas de rupture entre ce qu’elle manifeste et ce qu’elle est. Un authentique musicien n’est pas ce lui qui faitsemblant de l’être ou qui en a seulement la réputation, un authentique musicien porte la musique dans son âme et il n’est pas seulement une dilettante. En d’autres termes, on dira aussi que ce qui est considéré dans l’objet comme étant « vrai » de cette manière relèvesurtout de notre attente à son égard, ou bien celle-ci est remplie (ceci est bien de l’or authentique) ou elle n’est pas remplie (ce n’est que du cuivre doré). Cela n’empêche pas évidemment le cuivre doré d’être tout aussi réel que l’or. Heidegger dans L’essence de la vérité écrit : « C’est pourquoi nous dirons plus clairement que : l’or réel est l’or authentique. Mais ‘réels’, ils le sont l’un…