Démocratie en afrique: mythe ou réalité
La démocratie en Afrique, mythe ou réalité ?
Il est généralement admis que la démocratie est un mode de gouvernement où le peuple exerce la souveraineté.
Le mercredi 30 décembre 2009
OUR Abraham Lincoln, la démocratie est « le gouvernement du peuple par le peuple et pour le peuple ». Prise dans ce sens, la démocratie s’oppose à tout pouvoir qui n’est pas l’émanation du peuple.Dans la véritable démocratie, le détenteur du pouvoir est le peuple appelé souverain primaire. Les citoyens ne pouvant tous exercer cette souveraineté, ils délèguent leur pouvoir à un nombre restreint d’élus qui l’exercent à leur place. Ces personnes sont désignées à travers des élections libres et transparentes. Ainsi, le pouvoir exercé par les élus l’est au nom du peuple qui le lui a temporairementtransféré et à qui ils doivent rendre compte. Malheureusement, plusieurs pays du Tiers-Monde présentent une démocratie de façade, caricaturée. L’on fait certes parler les urnes mais le résultat n’est pas l’expression de la volonté souveraine du peuple mais plutôt de la puissance du prince. En conséquence, les dirigeants deviennent, au fil du temps, de moins en moins enclins à accepter le contrôledu peuple. La démocratie devenant alors le pouvoir du plus fort, par le plus fort et pour le plus fort. Quelques exemples peuvent être tirés à la volée de l’histoire récente. Le cas de la dernière élection présidentielle au Rwanda est éloquent. Dans ce pays, les Hutus, ethnie rivale à celle du Président en place, représentent plus de 75 % de la population. Le fort clivage ethnique préexistant augénocide de triste mémoire y a été exacerbé après ce dernier et tout particulièrement par la domination mono ethnique exercée par l’ethnie minoritaire au pouvoir depuis 1994.
Il est inconcevable dans un tel pays que le chef de l’Etat en place puisse gagner les élections avec près de 95 % des suffrages exprimés. Dans la démocratie comme dans la dictature, la victoire se prépare. La méthodologieutilisée différencie la victoire de l’une de celle de l’autre. Que s’est-il réellement passé ? Le Président Kagame a d’abord mis en détention préventive durant près de 2 ans son prédécesseur et challenger, Pasteur Bizimungu, il fait recours pour le référendum constitutionnel à des électeurs venant des provinces voisines de la R.D. Congo sous son occupation. Il a instauré un climat de peur dans lechef des électeurs de l’ethnie rivale : dissolution du principal parti adversaire jugé par lui, d’essence ethnique ; arrestation des opposants, enlèvements, intimidations pendant la campagne électorale, interpellations, pour fermer la boucle, bourrage des urnes. La communauté internationale se trouve aujourd’hui devant un plébiscite. Pourrait-on prétendre, au vu de ces résultats, que le peuplerwandais a si massivement porté son choix sur l’homme fort de Kigali ? En réalité, c’est sa main de fer qui l’a maintenu au pouvoir. Sa puissance militaire, financière et sa politique implacable lui ont assuré cette victoire.
Le candidat du Front patriotique rwandais a obtenu une majorité écrasante, face à son adversaire Faustin TWAGIRAMUNGU qui n’a pu récolter que 3,5 %. Ce dernier a dénoncél’intimidation et le harcèlement dont ses partisans ont été objet de la part des autorités gouvernementales durant toute la campagne électorale. Ces faits ont été confirmés par des observateurs neutres dépêchés sur place par l’Union Européenne.
Comme le dirait l’ancien président congolais Pascal Lissouba : « On n’organise pas les élections pour les perdre ». L’expérience nous a montré qu’il était plusfacile à celui qui est au pouvoir de se faire un résultat qu’à celui qui veut y accéder d’avoir un résultat. Réalité du Tiers-monde ! Qu’est-ce qu’en fait les élections en Afrique sinon un moyen pratique de légitimation d’un pouvoir spolié et confisqué au peuple ? Après 30 ans de règne sans partage au Togo, le Général-Président Eyadema dont le pouvoir a été marqué par des violations massives…