Controverse sur l’hypothèse d’efficience informationnelle: problème de définition et éclairages épistémologiques
Controverse sur l’hypothèse d’efficience informationnelle: problème de définition et éclairages épistémologiques
Benjamin NDONG[1]
Résumé : Cet article est une discussion et une réflexion sur l’hypothèse d’efficience informationnelle des marchés financiers et plus spécifiquement sur la controverse qui entoure celle-ci. Nous estimonsque cette controverse est nourrie par l’absence d’une définition consensuelle à connotation économique. Néanmoins, cette controverse peut être circonscrite par un éclairage épistémologique portant essentiellement sur le concept «anomalies ».
Mots clés : hypothèse d’efficience, anomalies, controverse, définitions, épistémologie.
Classification JEL :
Abstract : this paper is a discussionand an essay on the efficient market hypothesis, specially on the controversy that surround this one. We estimate that this controversy live on the lack of consensual definition with economic foundations. Nevertheless, this controversy can be stressed and clarified by epistemological views on the issue of “anomalies”
Key words: efficient market hypothesis, anomalies, controversy, definitions,epistemology.
JEL Classification:
Version Mars 2010.
Introduction
L’hypothèse de rationalité et d’efficience du marché financier, malgré sa nature controversée, fait l’objet de recours dans tous les segments de la théorie financière. Certains diront même qu’elle est largement acceptéecomme une « règle »[2]. Cette controverse est nourrie, à notre avis, par un problème de définition consensuelle de l’hypothèse d’efficience, d’adéquation de tests utilisés (le premier impliquant le second) et de (non) considérations épistémologiques.
En fait, la controverse sur l’hypothèse d’efficience est multi-dimensionnelle. Elle concerne, à la fois, l’efficience des marchés de façon générale,mais aussi et surtout, l’efficience informationnelle et la rationalité du marché ou des acteurs du marché. Par exemple, les effets (janvier, week-end, taille etc.) s’attaquent au couple HME /MEDAF[3]. D’autres, comme les tests de volatilité, mettent au défi le modèle de la valeur actuelle (modèle des dividendes) ou l’hypothèse, ou encore le type de rationalité, qui structure ce modèle. Alors qued’autres anomalies, ou effets, sont directement dirigés contre certaines définitions de l’efficience informationnelle comme celle de Fama (1970) : « le marché est informationnellement efficient lorsque les prix incorporent toute l’information disponible et pertinente ».
Toutefois, cette controverse tire son origine, en premier lieu, du manque d’une définition consensuelle, exprimée sous forme deproposition ou d’hypothèse directement réfutable et à connotation économique.
C’est ainsi que dans une première section nous présentons les termes de la controverse. Tandis que dans une deuxième section nous posons le problème de définition consensuelle de l’hypothèse d’efficience informationnelle. Enfin, nous apportons dans une troisième section des éclairages épistémologiques sur la controverse.1- Eléments de la controverse : anomalies et finance comportementale.
Les premiers travaux sur la dynamique des marchés financiers mettaient en relief une marche aléatoire des cours boursiers en mesurant des autocorrélations de court terme entre les variations successives des cours. Le marché boursier n’avait donc pas de « mémoire », c’est-à-dire que le comportement passé des cours n’étaitd’aucune utilité pour projeter son comportement futur. Récemment, par contre, certains travaux (Lo et Mackinlay (1999), Lo, Mamaysky et Wang (2000), Shiller (2000) etc.) ont mis en exergue certains aspects de la dynamique des marchés financiers et des cours qui ne militent pas en faveur de la marche aléatoire et de l’hypothèse d’efficience. Des autocorrélations qui n’étaient pas nulles et des…