Journalisme et romance

décembre 26, 2018 Non Par admin

JOURNALISME ET ROMANCÉ
À partir de 1852, de nouveaux écrivains émergent, issus du journalisme : Barbey d’Aurevilly, Daudet, Gautier, Maupassant, Sand, Vallès et Zola. Cette époque voit la naissance et l’établissement du réalisme duquel Daudet est ici le représentant, suivi du naturalisme dont Zola est reconnu par les critiques comme le chef de file de l’école de Médan, nous l’avons choisi depréférence à Guy de Maupassant, car selon Delaisement, il est très difficile de tracer les éléments journalistiques du romancé chez lui. Entre ces deux écoles se trouve Vallès qui n’appartient à aucune. La critique considère la carrière journalistique de ces auteurs comme une phase de formation, avant de devenir des écrivains reconnus, selon Mitterand : “ l’écrivain a appris son métier ‘sur lemarbre’ ”. De nombreuses études ont été faites sur les écrivains appartenant au réalisme et au naturalisme, mais l’importance du journalisme n’a jamais encore été mise en évidence comme force continue et majeure dans le développement de leur romancé.

Les écrits journalistiques de Daudet, Vallès et Zola sont basés sur le quotidien de la réalité. Cette rencontre journalière leur apporta la célébrité :Vallès dont Le Cri du Peuple fut le journal le plus vendu durant la Commune; Zola connut la notoriété avec Mon Salon, articles parus dans L’Événement, défendant la peinture impressionniste. Malgré leur célébrité journalistique, ils choisirent d’écrire des romans. Ils s’engagèrent non seulement à prendre des risques financiers, mais aussi à mettre en jeu leur réputation. Néanmoins, une fois laréussite littéraire atteinte, ils continuèrent à écrire dans les journaux.

Comme il s’agit d’écrivains qui ont développé un type d’écriture personnelle basée sur le journalisme, il est important d’analyser ce style et d’en identifier les éléments, afin de discerner dans leur romancé des éléments journalistiques. Retrouve-t-on le journalisme en tant que choix de carrière ? Est-il possible deretrouver nos journalistes-écrivains dans leur capacité professionnelle de critique d’art, dramatique et littéraire ou encore de chroniqueur politique ou sportif ? Ont-ils un style commun et qu’apporte-t-il à leurs œuvres ?

Le thème du journaliste-écrivain est commun à cette époque : il apparaît chez J. et E. de Goncourt dans Charles Demailly, chez Maupassant avec Bel-ami, chez Zola dans L’Œuvre,chez Vallès dans sa trilogie Jacques Vingtras, entre autres. Le choix de cette carrière pour un personnage s’explique, car de nombreux écrivains ont commencé leur vie professionnelle comme journalistes. Il s’agit donc d’un vécu romancé personnel.

Dans la vie réelle, le choix de cette carrière est avant tout économique. Le journalisme permet au futur écrivain de se faire connaître du public afind’être publié et de pouvoir vivre de son écriture, selon Zola: “ Je considère le journalisme comme un levier si puissant que je ne suis pas fâché du tout de pouvoir me produire à jour fixe devant un nombre considérable de lecteurs.” Il révèle la raison qui l’a poussé à entrer dans certains journaux considérés d’un niveau littéraire secondaire : « C’est cette pensée qui vous expliquera mon entrée auPetit-Journal. Je sais quel niveau cette feuille occupe dans la littérature, mais je sais aussi qu’elle donne à ses rédacteurs une popularité rapide ” Alexis relate comment Zola effectua la transition d’employé, chez Hachette, au journalisme:
[…] il [Zola] écrivit à M. de Villemessant une lettre, où il lui proposait de faire pour les livres ce qu’un rédacteur spécial faisait dans L’Événement pourles théâtres : annoncer les publications nouvelles, comme on annonçait les pièces, en donner d’avance l’analyse, récolter des anecdotes sur leur composition, sur les auteurs, enfin reproduire des extraits des bonnes feuilles communiquées d’avance par les éditeurs. La réponse ne se fit pas attendre, elle donnait rendez-vous à Zola pour le lendemain.

Zola dans l’article intitulé Adieux,…