Maupassant bel ami incipit
Maupassant, Bel-Ami
TEXTE 1 : Incipit
Guy de Maupassant né en 1850. Grâce à sa mère, il entre en contact avec Flaubert qui le guide sévèrement en littérature et qui le considère un peu comme son disciple. L’auteur de Madame Bovary lui fait rencontrer Zola et lui ouvre les portes des principaux journaux dans lesquels il construit sa carrière de romancier et de conteur. Ses principales œuvressont Boule de suif (1880), Bel-Ami (1885) et Pierre et Jean (1888). L’œuvre de Maupassant est entre Naturalisme et Réalisme. Cet extrait correspond aux premières lignes de Bel-Ami : il s’agit de l’incipit.
Quel est le but de ce texte et en quoi peut-on dire que Maupassant offre à son lecteur tout ce qu’il doit savoir sur le personnage principal du roman ?
Nous verrons en quoi nous avons affaire àl’incipit d’un roman naturaliste ou réaliste puis nous analyserons le portrait du personnage principal.
I. Le cadre spatio-temporel
Le romancier installe au début de son roman le cadre dans lequel se déroule l’histoire.
Dès le début du roman, on apprend que l’histoire se déroule à Paris : le boulevard des Italiens, « Notre-Dame-de-Lorette », « les Champs-Elysées et l’avenue du Bois-de-Boulogne ».L’espace et le lieu sont donc clairement définis.
Il en va de même pour ce qui est du temps et de l’époque. En effet, une date précise est évoquée : « on était au 26 juin ». Cette précision implique directement le lecteur et lui fait supposer que l’histoire est contemporaine de l’époque de Maupassant.
Le récit est encré dans le réel par l’utilisation de mots qui renvoient à la réalité matérielleet sociale des années 1880 : « les dîneurs », « trois petites ouvrières », « deux bourgeoises », « gargote », « hussards », « son chapeau à haute forme ».
Dans son incipit, Maupassant nous offre une vision de Paris. Grâce à une description, le lecteur peut aisément imaginer ce qu’on peut ressentir lors d’une soirée estivale dans Paris : « C’était une de ces soirées d’été où l’air manque dansParis. La ville, chaude comme une étuve, paraissait suer dans la nuit étouffante. Les égouts soufflaient par leurs bouches de granit leurs haleines empestées ; et les cuisines souterraines jetaient à la rue, par leurs fenêtres basses, les miasmes infâmes des eaux de vaisselles et des vieilles sauces ». On a d’abord le champ lexical de la saleté et des odeurs nauséabondes : «suer », « haleinesempestées », « miasmes infâmes ». Dans cette description, les métaphores et les comparaisons s’entremêlent afin de rendre l’atmosphère palpable : « chaude comme une étuve », « la ville paraissait suer », « la nuit étouffante », les égouts soufflaient par leurs bouches leurs haleines empestées », « les cuisines souterraines jetaient ».
La présentation du cadre spatio-temporel permet de faire immédiatemententrer le lecteur dans l’histoire. Maupassant présente donc Georges Duroy, dans Paris, un soir d’été des années 1880.
II. Le personnage principal, un portrait en mouvement
D’emblée, on peut dessiner le portrait physique de Georges Duroy. Il apparaît comme étant un bel homme : « comme il portait beau, par nature et par pose d’ancien sous-officier », « regard de joli garçon », « les femmesavaient levé la tête vers lui », « une certaine élégance tapageuse », « grand, bien fait, blond, d’un blond châtain vaguement roussi, avec une moustache retroussée, qui semblait mousser sur sa lèvre, des yeux bleus, clairs, troués d’une pupille toute petite, des cheveux frisés naturellement, séparés par une raie au milieu du crane, il ressemblait bien au mauvais sujet des romans populaires », «grâce à sa belle mine et à sa tournure galante ». Son attitude est donc virile, puissante, galante. On retrouve également un vocabulaire militaire : « pose d’ancien sous-officier », « d’un geste militaire et familier », Maupassant crée une comparaison entre son attitude et sa vie d’avant « il marchait ainsi qu’au temps où il portait l’uniforme des hussards, la poitrine bombée, les jambes un peu…