Disserte bonheur
DISSERTATION DE PHILOSOPHIE
Le bonheur est-il une affaire privée?
La recherche du bonheur semble être ce qui motive, directement ou indirectement, toutes nos actions. L’homme, guidé par une sorte d’instinct, cherche en effet naturellement à être heureux. Chacun recherche donc à sa façon, et sans même se soucier des autres, son propre bonheur, lequel est donc original, instinctif, voiremême unique. Dans ce cas, le bonheur serait bien l’affaire de chacun, un projet personnel qui ne regarde personne d’autre. Être affairé signifie en effet être en action, agir, rechercher activement son bonheur et ne pas seulement l’espérer.
Cependant, en raisonnant de la sorte, on fait comme si les hommes vivaient seuls. Or la vie en société est un fait et la recherche du bonheur ne peut donc sefaire qu’avec les autres, ou du moins qu’en tenant compte des autres. Que je le veuille ou non, l’autre est une réalité qui déborde la simple présence physique. La présence d’autrui se fait pressente dans cette foule qui m’étouffe, mais même seul, chez moi, autrui est encore là à travers ces événements médiatiques qui m’attristent. Et même sous cette pluie battante qui me démoralise, c’est à autruique j’en veux d’avoir dérégler le climat. Que je le veuille ou non, la société a une influence sur les conditions de mon propre bonheur. Peut-être même que c’est à la société que revient le droit ou le devoir de constituer les conditions d’un bonheur commun.
Ainsi, d’un côté le bonheur relève bien d’une préoccupation individuelle qui n’engage que soi mais d’un autre coté, cette acquisition etcette recherche nécessitent des conditions que seule la société peut satisfaire
Mais, si la société a elle aussi, un rôle à jouer dans la recherche du bonheur, comment pourra-t-on dès lors concilier les préoccupations individuelles de chacun et les conditions sociales ou politiques qui rendent possible le bonheur de tous? Un bonheur commun, unique pour tous, ne perd-t-il pas en richesse, enauthenticité? De même, n’est-il pas absurde de penser que l’on puisse me rendre heureux malgré moi?
Il paraît aller de soi que le bonheur est une « d’affaire strictement privée »
Le bonheur peut être défini comme ce vers quoi tend tout être humain, de par sa conscience et son aptitude à se représenter un ou plusieurs objets possibles de satisfaction. On peut ainsi, comme le suggère Kant, concevoirle bonheur comme directement issu de notre nature sensible. Il s’ensuit que le bonheur prend alors la forme d’une démarche égoïste dans laquelle chaque individu vise sa propre satisfaction. De plus, le bonheur doit être considéré comme une somme de satisfactions, donc comme un tout à atteindre, puisqu’il semble qu’on ne peut être heureux qu’en satisfaisant tous ses désirs de façon durable. Lebonheur est donc vraiment quelque chose de personnel dans la mesure où il variera en fonction des désirs de chacun, lesquels seront nécessairement différents les uns des autres. Il s’ensuit que concevoir une forme plus commune et plus collective de bonheur semble contraire à l’essence même du bonheur puisque nous n’avons pas tous les mêmes désirs. Dès lors, la recherche du bonheur semble bien êtreessentiellement «mon affaire» puisque, d’une part, elle concerne mes propres désirs et puisque, d’autre part, elle n’est qu’un mode de mon instinct de conservation.
Ainsi, seul l’individu est à même de mener à bien sa quête du bonheur puisque lui seul connaît vraiment ce qu’il désire. En ce sens, le bonheur semble bien supposer une certaine connaissance de soi, autrement dit une conscienceclaire de ce qui pourrait nous satisfaire. Or cette connaissance de soi ne peut vraiment qu’être mon affaire dans la mesure où chaque individu est bien placé pour connaître ses propres désirs. Il s’ensuit que, comme le souligne Kant, le bonheur est « un principe pratique contingent, qui peut et doit être différent dans des sujets différents » et qui suppose « la conscience qu’a un être raisonnable de…