Commentaire sue le crie de guere de mufti
Le recueil Les Orientales, paru en 1829, est augmenté d’une préface, dans laquelle Victor Hugo précise ses intentions : il revendique d’une part la liberté du sujet, et à travers elle une certainegratuité, affirmant que Les Orientales sont le fruit « d’une idée qui lui a pris », et d’autre part le mauvais goût. Si le second point, flambeau du romantisme français auquel l’auteur appartient, esteffectivement exploité dans l’œuvre, en revanche la défense de la gratuité semble, plus qu’une réalité, une parade à toute critique ultérieure sur ce point. En effet, à cette époque, la guerred’indépendance oppose l’Empire ottoman à la Grèce, auquel la France a accordé son soutien ; les Orientales sont donc en lien avec le contexte, et le sujet en est abordé dans quelques poèmes.
Parmi ceux-ci, le «Cri de guerre du mufti », poème bref, est formé de trois strophes, chacune composée de deux tercets de deux alexandrins, organisés selon un système de rimes plates, et d’un octosyllabe. Par unprocédé déjà présent dans le début du recueil, Hugo adopte un point de vue subjectif sur le conflit qui oppose les deux puissances, celui de l’Empire ottoman, ici à travers la harangue d’un chef militaire àses troupes. L’oralité supposée de la parole est rendue par l’usage du présent de l’indicatif et par les nombreuses modalités exclamatives qui ponctuent le poème : le premier vers en contient trois, etchaque strophe se clôt sur cette ponctuation ; cette oralité passe également par l’adresse aux « guerriers ». La tonalité du discours s’exprime à travers l’usage des impératifs, mis en exergue parleur position : double accentuation sur « écrasez » au début du vers 4, énumération des verbes d’action du vers 8 qui rythment le vers en 2/4//2/2/2, surexposition de l’impératif « meure » ; de plus,les subjonctifs de la strophe 3 ont valeur d’injonction. En outre, l’évolution finale du « vous » en « nous » (vers 16) fait de ce « cri de guerre » un chant patriotique, l’expression du…