Tableaux de botticelli, analyse et arguments

décembre 8, 2018 Non Par admin

Lequel de ces deux tableaux est un faux Botticelli ?

La National Gallery de Londres expose ses plus grosses bourdes : des faux ou des copies pris à tort pour des chefs-d’œuvre.

(De Londres) Il faut une bonne dose d’humilité pour admettre publiquement ses erreurs. Et un soupçon de masochisme pour en faire le thème d’une exposition. « A la loupe : faux, erreurs et découvertes » présente lesplus grosses arnaques dont a été victime la National Gallery.
Comme tous les musées du monde, la vénérable institution de Trafalgar Square s’est fait avoir lors de certaines acquisitions. Mais grâce à son département scientifique, créé en 1934 (à l’origine pour mesurer le degré de pollution dans les salles d’exposition, à l’époque du fameux smog londonien), la National Gallery est capableaujourd’hui de distinguer le vrai du faux.
Armés de microscopes et de lecteurs infrarouges, les chercheurs de ce laboratoire de pointe peuvent désormais reconstituer dans les moindres détails toutes les étapes de la vie d’une œuvre d’art.
Présentée jusqu’au 12 septembre, l’exposition « A la loupe » propose au visiteur de se glisser entre les couches de peinture pour entrer dans l’intimité de 40tableaux et jouer aux devinettes : lequel est un faux, une copie ou un authentique chef-d’œuvre ?
Le « vrai » faux
En juin 1874, la National Gallery est en effervescence après l’acquisition de deux Botticelli. Les experts du musée sont particulièrement impressionnés par « Une allégorie » (tableau du bas sur le montage en haut d’article), pour laquelle ils déboursent 1 627 livres sterling (ce quicorrespondrait aujourd’hui à environ 1 million d’euros, en tenant compte de l’évolution des revenus depuis 136 ans).
Ils ne paient que 1 050 livres sterling pour l’autre toile (tableau du haut sur le montage en haut d’article), « Vénus et Mars » (à titre de comparaison, une Liz Taylor d’Andy Warhol, mise aux enchères mercredi 30 juin chez Christie’s à Londres, est partie pour un montant record 6 761250 livres – près de 8,3 millions d’euros ! ).
Manque de flair ! On se rend vite compte qu’« Une allégorie » n’a pas toutes les caractéristiques du génie de la Renaissance italienne. L’œuvre, finalement attribuée à un disciple du maître, quitte les feux de la rampe. Elle reste cependant une œuvre d’époque, conçue entre 1490 et 1550.
Quant à « Venus et Mars », achetée (presque) une bouchée depain, c’est aujourd’hui une pièce maîtresse de la National Gallery -et l’un des Botticelli les plus célèbres au monde. Elle est datée de 1485.

L’arnaque totale
Ce « Portrait de groupe » ci-contre est l’œuvre presque parfaite d’un faussaire expérimenté. La National Gallery croit acheter en 1923 une toile du XVe siècle. L’analyse scientifique révèle bien plus tard la présence dans la peinture depigments inconnus avant le XIXe siècle.
L’auteur avait pourtant pris soin de simuler la patine du temps en créant des craquelures et enduisant l’œuvre d’une résine naturelle.
Certains faussaires vont même jusqu’à créer des trous de mite dans le bois supportant la toile, pour faire plus vrai que nature.
Dans le cas du « Portrait de groupe », la supercherie a été révélée non seulement par lesscientifiques, mais aussi par les historiens : le bandeau sur la tête de l’homme de profil n’a rien d’une tenue traditionnelle italienne du XVe siècle : c’est un motif féminin en vogue à la Belle Epoque. Ce « détail qui tue » permet de dater le faux du début du XXe siècle.

La copie
A la différence du faux, la copie n’est pas réalisée avec une intention de tromperie sur la marchandise. L’expositionprésente un petit portrait attribué à Gustave Courbet (reproduction non disponible).
Avec cette œuvre généreusement donnée en 1917, le musée croyait détenir une réplique miniature de « L’Autoportrait », exposé au Musée d’Orsay. Erreur de débutant. En 2008, on découvre une étiquette au dos de l’œuvre : c’est bien celle du fournisseur habituel de Courbet. Mais elle porte la date 1880… Trois ans…